Le projet de construction d’un campus agroalimentaire (AgriCo) à Saint-Aubin FR a conduit le Service archéologique de l’État de Fribourg (SAEF) à entreprendre, entre février et octobre 2024, une importante campagne de sondages sur les parcelles concernées par les futurs travaux, dont la superficie totale atteint près de 115'120 m2. Ce diagnostic archéologique a permis de mettre en évidence plusieurs zones d’occupation de la Préhistoire à l’époque moderne.
La Préhistoire est marquée par la découverte d’une hache polie du Néolithique et d’un grattoir sur fragment distal de lame en silex, en lien avec un foyer en fosse circulaire à pierres de chauffe, de 110 cm de diamètre, daté du Cortaillod moyen/tardif par radiocarbone. Un second foyer de 80 cm de diamètre pourrait également appartenir à cette période. La Protohistoire est représentée par une quantité importante de tessons de céramique à pâte grossière datée de l’âge du Bronze ancien/moyen (BzA2 – BzB), retrouvée pour la grande majorité en position secondaire dans l’un des nombreux chenaux anciens qui traversent la zone.
L’occupation romaine est matérialisée par la découverte de fragments épars de tuiles antiques, disséminés sur l’ensemble des surfaces investiguées. Les vestiges les plus importants sont ceux d’une petite nécropole mise en évidence dans la partie nord du site d’AgriCo et composée d’au moins quatre tombes à crémation. Distantes d’environ 1.5 à 2 m, elles entourent un épandage de tessons associés à trois cruches. De forme ovalaire à rectangulaire, ces tombes présentent des tailles variant de 25 cm à 80 cm. Le mobilier associé comprend de la céramique à pâte claire et en terre sigillée, des récipients en verre, un fragment de tôle en bronze et une tige en fer courbée. Selon les premières observations, deux types de sépultures ont pu être distingués. Le premier est représenté par deux tombes dans lesquelles des ossements ont été déposés dans un contenant en céramique ou en matière périssable (tissus), avec des résidus du bûcher. Le second est caractérisé par deux crémations où les esquilles d’os brûlé, accompagnées de restes d’offrandes, semblent avoir été dispersées dans la fosse. Un survol de la céramique permet de replacer ces tombes dans la seconde moitié du 1er s. apr. J.-C.
Les périodes tardives, médiévale et moderne, sont exclusivement signalées par du mobilier métallique, qui est respectivement composé de fers à cheval, allant du 14e au 19e s., et de nombreuses balles de mousquet.
Enfin, plusieurs structures n’ont provisoirement pas pu être rattachées à une époque particulière, en l’absence d’éléments datants. Il s’agit en particulier d’un possible aménagement de berge, matérialisé par un empierrement d’au moins 1.4 m de longueur par 2 m de largeur, mis en évidence à 1.6 m sous le niveau actuel. Orienté nord-est/sud-ouest, il est constitué de gros boulets, parfois grossièrement équarris, et de moellons de calcaire jaune épars, disposés à plat. Sa partie sud-est est renforcée par un alignement de piquets en bois. Plusieurs foyers, des rejets de foyer ainsi que des restes fauniques ont ponctuellement été retrouvés dans les sondages. Des analyses radiocarbone permettront de préciser la datation de ces vestiges.