L’intervention de 2024 sur le site Les Clées Sur-les-Crêts s’inscrit dans la continuité des opérations préventives conduites par l’Archéologie cantonale depuis 2012 sur la carrière exploitée par l’entreprise Gravière de la Claie-aux-Moines (fig. 1). En effet, les différentes fouilles menées sur ce site ont révélé des vestiges datant du Campaniforme à l’âge du Fer. En 2021, la surveillance de l’exploitation a permis de dégager un empierrement qui présentait une concentration de blocs alpins et où quelques éléments de mouture avaient été mis au jour en surface. Cet aménagement, non loin de l’empierrement ayant livré des vestiges du Bronze ancien en 2020–2021 et du tumulus de l’âge du Fer fouillé en 2019, a fait l’objet d’une fouille préventive de juin à octobre 2024.

Contrairement aux structures précédemment fouillées qui évoquaient un possible tumulus, l'empierrement étudié lors de cette campagne n'a livré qu'une quantité limitée de mobilier. Celui-ci comprend notamment un tesson protohistorique, des éléments de tuile et de céramique postmédiévales, ainsi que plusieurs pièces de macro-outillage lithique. Parmi celles-ci, trois fragments de mouture indéterminés, un fragment de molette et deux choppers ont pu être identifiés. Leur lien ou non avec d’autres éléments de mobilier lithique issu de la campagne de 2020–2021 n’a pas encore été établi. La présence d’un clou de chaussure romain et d’éléments de tuiles mis au jour dans la couche sous-jacente à l’empierrement infirment une datation protohistorique de celui-ci. Aucune architecture particulière n’a pu être mise en évidence au sein de l’empierrement, qui semble être le résultat de l’épierrement des champs qui se trouvaient à proximité immédiate.

C’est dans un niveau sableux sous la couche ayant livré le clou romain qu’une inhumation a été découverte. Les perturbations causées par plusieurs souches au-dessus des membres supérieurs de l’individu n’ont pas permis d’observer si une fosse avait été creusée. Ce dernier, déposé en décubitus dorsal orienté sud-nord, n’était pas accompagné de mobilier (fig. 2). Des galets épars, présents autour des membres inférieurs, suggèrent que la tombe était au moins marquée d’un entourage. L’étude anthropologique a établi qu’il s’agissait d’un individu d’environ 1.71 m, de plus de 40 ans et de sexe indéterminé mais présentant quelques caractéristiques masculines. Deux types de lésions ont été observées sur le squelette. La première lésion concerne le péroné droit. On observe une pseudo-articulation en forme de gouttière sur l’extrémité proximale du péroné, probablement d’étiologie traumatique (déplacement de l’os). Comme l’os présente des signes de remodelage, il s’agit là d’une lésion ante mortem. Le second type de lésions concerne une côte, un métacarpe, le temporal gauche et la mandibule gauche. Tous présentent des traces de traumatismes par objet tranchant, sans remodelage visible, indiquant des lésions péri-mortem. L’hypothèse privilégiée est celle d’un conflit interpersonnel conduisant à la mort de l’individu. Une datation radiocarbone effectuée sur le squelette permet de dater la sépulture de la phase finale du Bronze ancien (BzA2b–BzB ancien).

Si la présence d’une inhumation sous un empierrement suggère volontiers un tumulus, le lien stratigraphique entre ces deux aménagements n’a pas pu être établi en raison des souches venues perturber la tombe. Il paraît toutefois possible qu’un marquage de surface de la tombe ait existé, sur lequel ont été amassés des murgiers par la suite.

Fouille: Archéologie cantonale VD, A. Angéloz, C. Roeslin; AbeggArcheo, C. Abegg.