CN 1222, 2524 750/1 161 450. Altitude env. 595-597 m.
Dates de la prospection au géoradar : 29.-30.8.2023.
Dates des fouilles : 21.2., 13.9.-2.10.2023.
Références bibliographiques : Viollier, D. (1927) Carte archéologique du canton de Vaud, 179-180.
Prospection au géoradar. Surface explorée 80000 m².
Fouille de sauvetage programmée (travaux agricoles). Surface de la fouille env. 116 m²
Habitat.

L'apparition de nombreuses briquettes d'opus spicatum en surface d'un champ fraîchement labouré a été signalée en février 2023 par F. Gomez, collaborateur bénévole de l'Archéologie cantonale qui, avec M. Gomez et J. Jaggi, effectue régulièrement des prospections au sol dans la région. Cette découverte a motivé l'organisation de sondages, précédés de relevés au géoradar (GPR 3D) réalisés par l'entreprise Geo2X SA. Ceux-ci, d'une lisibilité et d'une précision remarquables, ont révélé le plan de plusieurs bâtiments appartenant à une grande villa gallo-romaine, dont l'emplacement est connu depuis longtemps.
Cinq tranchées ont été réalisées afin d'évaluer l'état de conservation des vestiges. Mis à part un sondage plus profond, la fouille s'est limitée au dégagement du sommet des structures. Celles-ci apparaissent pour la plupart à moins de 20 cm de profondeur, notamment les murs et les sols de plusieurs locaux appartenant certainement à un complexe thermal (fig. 33). Dans l'une des pièces, le lit de pose en mortier de tuileau de l'opus spicatum détruit par les labours a été mis au jour. Un alandier en molasse et l'area d'un hypocauste où subsistent des négatifs de pilettes ont également été mis en évidence, ainsi que plusieurs pièces aux sols de terre battue. Les murs de façade d'un bâtiment voisin, long d'une trentaine de mètres, ont été dégagés. À l'intérieur de celui-ci, deux statuettes en bronze, un Mercure et une Minerve, ont été découvertes au détecteur de métaux dans la couche de terre végétale superficielle par les bénévoles précités. Une troisième a été mise au jour dans une couche de démolition contenant de nombreux éclats de tuiles et des plaques d'argile brûlée, située directement à la base des labours. Il fait peu de doutes que ces trois figurines, de même que plusieurs fragments d'objets en bronze trouvés dans le même périmètre, appartiennent à un la raire détruit lors d'un incendie, comme en témoignent les traces de feu qu'ils comportent.
Bien que la fouille soit restée superficielle, plusieurs phases de construction sont perceptibles. Un sondage plus profond a permis de repérer un niveau de sol situé à la base des fondations de l'un des murs, laissant présager la présence d'états antérieurs. Il faut également relever la découverte dans les labours, à proximité des sondages, d'une monnaie de la fin du Second âge du Fer, qui vient s'ajouter à un exemplaire de la même période découvert il y a quelques années à la périphérie du site.
La villa d'En Ale occupe une position remarquable (fig. 34). Construite sur une terrasse bordée d'un cours d'eau, elle est dominée par une éminence au sommet de laquelle des constructions romaines ont été mises au jour au 19° et au début du 20° s, et d'où l'on bénéficie d'une vue étendue sur la campagne environnante, des Alpes au Jura. La littérature ancienne fait également état de la présence d'une nécropole du haut Moyen Âge sur le site.
Les restes d'élévations encore visibles au 19e s. ont été progressivement démantelés, et les matériaux utilisés pour recharger les chemins de la région. Aujourd'hui, les destructions se poursuivent en raison des travaux agricoles, nécessitant des mesures conservatoires dont les modalités restent encore à définir.

Mobilier archéologique : céramique, verre, terre cuite architecturale, blocs architecturaux en calcaire, enduits peints, divers objets métalliques dont plusieurs fibules et trois statuettes en bronze, monnaies.
Faune : non déterminée.
Datation : archéologique. La Tène finale ; époque romaine.
ACVD, C. Wagner, D. Maroelli, avec la collaboration de L. Francey et M. Lhemon.