CN 1243, 536 100/152 060. Altitude 383 m.
Dates des fouilles: novembre 1998-mai 1999.
Site nouveau.
Fouille de sauvetage programmée (projet immobilier). Surface de fouille env. 350 m².

Théâtre gallo-romain. Incinérations.
Au terme de plus de 12 ans de procédures, un vaste projet immobilier a été mis en œuvre au bas de l'avenue des Figuiers, à une centaine de mètres à l'est du giratoire de la Maladière. Malgré les importantes modifications apportées à la topographie de ce quartier, depuis les années soixante et les découvertes qu'elles auraient pu occasionner, les vestiges de l'extension du vicus à l'est du Flon sont sporadiques et peu cohérents. Chaque intervention dans le sous-sol est susceptible de faire progresser nos connaissances. Les terrassements de ce nouveau projet ont donc été précédés de contrôles archéologiques.
La partie basse du terrain, facilement accessible, a produit les restes de petites constructions et de sépultures, dont une très importante incinération. La présence de tombes, déjà relevée dans ce secteur, confirme que l'on se trouve en bordure de l'agglomération de Lousonna, qui débordait sur la rive gauche du Flon. Entamant les remblais accumulés sous l'avenue des Figuiers, les travaux ont révélé la présence d'un long mur est-ouest soutenant une terrasse tapissée de nombreuses dalles en molasse, disposées en structures rayonnantes et semi-circulaires. Le dégagement de ces vestiges, sur une bande large d'une dizaine de mètres à la limite nord du chantier, a confirmé dès le mois de janvier 1999 qu'il s'agissait de la partie frontale d'un théâtre gallo-romain (fig. 25.26). L'essentiel de la partie qui accueille les spectateurs (cavea) reste inaccessible, recouverte par l'avenue des Figuiers. Ce monument était adossé au bas du coteau de Montoie, dans un terrain nécessitant peu de mouvements de terre pour sa construction. Le souvenir d'une combe ou d'une dépression dans ce périmètre, sous l'ancienne route de Morges à Vevey, se manifeste peut-être par le toponyme «En Crau au Lau» sur les plans cadastraux du début du 19° s.
Le monument en forme de demi-cercle, d'une cinquantaine de mètres de diamètre au moins, faisait face au lac. Les rangs des spectateurs enserraient étroitement les côtés de la scène, qui était une estrade de bois, rectangulaire, mesurant 7 × 11 m, posée sur une fondation en maçonnerie. Elle n'était accessible que du côté du lac, par un terre-plein ou par une rampe aménagée en contrebas.
Les sièges des premiers rangs des spectateurs sont encore partiellement conservés, sous forme de simples bancs en blocs de molasse, sans dossiers, posés sur des marchepieds dallés. Les spectateurs accédaient aux rangs de sièges par des portes réparties dans le mur périphérique, qui reste à découvrir sous l'avenue des Figuiers, et par des rampes de faible pente convergeant vers la scène.
Entre le premier rang des sièges fixes et le devant de la scène, un petit secteur (correspondant à l'orchestra des théâtres classiques) était vraisemblablement réservé pour les fauteuils des notables ou d'autres personnalités. Ces places étaient marquées au sol par diverses inscriptions, dont plusieurs ont été retrouvées in situ. L'une d'entre elles a pu être déchiffrée, elle mentionne la corporation des charpentiers (communication de Mme Regula Frei-Stolba, Institut d'archéologie et d'histoire ancienne, Université de Lausanne).
Le théâtre de Lousonna, le quatrième monument gallo-romain de ce genre découvert en Suisse, est très analogue à celui qui a été fouillé près du vicus de Lenzburg AG. Son utilisation est attestée par des trouvailles monétaires jusqu'au 3ᶜ s. ap. J.-C. La date de sa construction ou de la transformation qui nous l'a laissé dans cette configuration n'est pas connue. Mais il est probable que ce lieu de spectacles et de réunions publiques, d'une capacité de plusieurs milliers de personnes, a équipé le vicus au cours de ses années de prospérité, soit dès le 1ᵉʳ s. ap. J.-C.
Plusieurs éléments des vestiges mis au jour (scène, une partie de l'orchestra et des sièges) restent accessibles dans les soubassements de l'immeuble nouvellement construit, dans un local réservé à cet effet.

Investigations et documentation: F. Eschbach, Archeodunum SA, Gollion.
Datation: archéologique. 1er -3ème s. ap. J.-C.
D. Weidmann, MHAVD.