CN 1184, 554 985/188 850. Altitude 460 m. Date des fouilles: octobre/novembre 2008. Site nouveau. Suivi de chantier et observations programmés (transformations de maison). Surface de la fouille env. 70 m². Habitat.

Le suivi des travaux de transformations de cette maison du quartier de Chavannes, incorporé à la ville au début du 14° s., n'ont pas permis de retrouver des vestiges remontant aux origines du quartier, mais de découvrir d'intéressants éléments du 16° s. et d'évaluer l'ampleur des transformations du 18° s.
D'une profondeur de 16 m dans l'œuvre pour une largeur de 4 m, la maison s'insère dans un rang de parcelles régulières en lanières, où les constructions dressées en ordre contigu présentent un alignement de leurs façades sur rue et sur jardin, une caractéristique des dispositions urbaines planifiées à la fin du Moyen-Age. L'immeuble possède deux étages sur rez-de-chaussée mais n’a jamais été excavé.
Au premier étage, le démontage des doublages récents et des cloisons du 18° s. a révélé la présence, sur le mur mitoyen sud, d'un décor peint daté de la première moitié du 17° s. Ce décor tenait compte d'un pot inséré dans la paroi, à mi-hauteur, l'embouchure tournée vers l'extérieur (fig. 56). D'un diamètre à l'ouverture de 14 cm, ce pot au vernis interne brun miel s'apparente aux productions des 15° et 16° s., cette large fourchette chronologique ne pouvant être réduite sans extraire la poterie des maçonneries. Comme la conservation du décor primait, la fonction et la datation précise de ce pot resteront ouvertes. L'hypothèse d'une niche d'éclairage doit probablement être écartée vu l'absence de traces de suie et celle de «vide-poches» paraît une idée trop moderne pour être retenue. La présence d'un pot inséré dans la maçonnerie et intégré dans le décor d'une pièce habitable est, à notre connaissance un cas unique; les comparaisons pour étayer l'une ou l'autre hypothèse font donc défaut.
Au 18ᵉ s., la reconstruction des façades et les modifications des niveaux de planchers n'ont pas changé la distribution interne de la maison qui est subdivisée en trois parties de longueur équivalente, selon la disposition habituelle en milieu urbain: le centre abrite l'âtre et les escaliers alors que les pièces habitables bénéficient de la lumière prodiguée par les percements des deux façades. Au rez-de-chaussée, la partie côté rue abrite le couloir d'accès flanqué d'une petite chambre, peut-être une échoppe avant le 18° s.; la pièce arrière, enterrée en raison de la déclivité du terrain, faisait office de cellier. Au premier étage, l'âtre avait disparu depuis longtemps déjà, mais la hotte massive en tuf subsistait encore au deuxième. Comme à la place de l'Eglise 6 ou à la rue des Granges 14, cette hotte d'aspect très ancien reposait en fait sur les solive du 18ᵉ s. Ses dimensions en font une véritable borne, mais en pierre. L'utilisation de la pierre pour les hottes comme pour les murs mitoyens explique certainement qu'Estavayer-le-Lac a été épargné par les incendies qui ont ravagé Bulle ou Romont au 19° s. Bien que la ville de Romont connût cinq importants sinistres au cours du 19° s., les maisons possédaient encore des murs mitoyens en bois au niveau des combles et des cheminées également en bois, comme dans les fermes.

Prélèvements: 42 échantillons pour datations dendrochronologiques (Réf. LRD08/RP6180). Datation: archéologique; historique. SAEF, G. Bourgarel.