CN 1184, 554 850/188 910. Altitude 450 m.
Date des fouilles: 17.10.-22.11.2011.

Site nouveau.
Analyse et fouille de sauvetage programmée (travaux d'entretien urgent). Surface de la fouille env. 54 m².
Habitat. Artisanat.
L'immeuble de la Grand-Rue 35 est une construction de deux étages sur rez-de-chaussée, d'une profondeur de 12 m et d'une largeur de 4,50 m dans l'œuvre. Elle a abrité le four banal du bourg depuis 1360, voire 1277, une boulangerie s'y est maintenue jusqu'au milieu du 20ᵉ s., et le four est encore conservé dans la maison.
Les sources signalent la subdivision du bâtiment qui est qualifiée de nouvelle en 1702, ce que confirment les datations dendrochronologiques de deux poutres dans la cuisine au premier étage en 1690/1691 et aux environs de 1697 (réf. LRD09/R6154). L'observation des maçonneries dégagées confirme ce fait: le mur mitoyen aval, du côté du numéro 37, n'est pas lié au mur arrière, mais il s'y appuie et a été dressé en matériaux hétérogènes, contrairement au mur est et au mitoyen amont dont les maçonneries de moellons de molasse taillés au taillant sont médiévales. La façade sur rue à trois axes de percements remonte manifestement à cette subdivision de la maison; elle offre encore les restes d'un décor peint figurant des pilastres d'angle couronnés d'impostes de couleur grise tout comme les encadrements des fenêtres en calcaire jaune qui n'apparaissent que vers les années 1710 dans le comté de Neuchâtel, mais on ne peut exclure une reconstruction plus tardive.
Les références à des travaux concernant le four sont rares: des réparations sont ordonnées en 1781 et, en 1822, l'autorisation d'en construire un nouveau est accordée sous certaines conditions, notamment qu'il soit implanté sur le terre-plein et qu'il soit doté d'une seconde voûte «forte». Les datations de la charpente, du solivage de la cuisine et de la cloison du rez-de-chaussée attestent une transformation de l'intérieur du bâtiment et la reconstruction complète de sa charpente en 1833/1834. Le four à pain remonte à cette phase de même que les aménagements intérieurs des deux étages, dont les lambris des pièces donnant sur la rue et le poêle en faïence blanche du deuxième étage, peut-être attribué au potier Casimir Liechtenstein d'Estavayer-le-Lac.
Les fouilles limitées à l'emprise des travaux ont montré un important remblai du 19ᵉ ou du début du 20ᵉ s. au rez-de-chaussée; seule une banquette a été épargnée à la base du mur mitoyen amont, où le substrat molassique a été atteint à proximité de la façade sur rue, révélant l'aménagement de rigoles dont l'interprétation reste délicate en raison des excavations tardives pour ménager une surface plane. Au pied du mitoyen amont, la surface de la banquette de molasse est rubéfiée et les quelques aménagements qui y ont été repérés sont manifestement en lien avec le four. Au premier étage, un sondage à l'arrière du four actuel a révélé un remblai remanié à la même époque que celui du rez-de-chaussée, probablement à l'occasion de la pose de carreaux de sol en terre cuite marqués au revers du nom d' «YVONAND»; les mêmes carreaux ont été découverts à Estavayer-le-Lac FR-Rue de la Rochette 6, précisément dans le bâtiment qui abritait le four banal du quartier des Petites Roches (CAF 8, 2006, 253). Sous cette couche, un remblai compact contient des fragments de torchis brûlé, provenant probablement des fours antérieurs.
En plus de confirmer la partition d'une construction plus vaste, les études des élévations révèlent d'anciens niveaux de toiture et deux portes qui donnaient accès aux caves de la maison adossée au mur arrière, soit l'actuelle Grand-Rue 31, ouvertures murées au 20ᵉ s. on note encore diverses reprises et réparations.

Datation: dendrochronologiques. Réf. LRD09/R6154. - historique.
SAEF, G. Bourgarel et M. Liboutet; SBC, D. de Raemy.