CN 1185, 2578 120/1183837. Altitude 630 m
Date des fouilles : avril et août 2015
Références bibliographiques: M. Strub, La ville de Fribourg : introduction, plan de la ville, fortifications, promenades, ponts, fontaines et édifices publics. MAH 50, canton de Fribourg I, 162-166. Bâle 1964; G. Bourgarel, Le canton de Fribourg. In: B. Sigel (réd.) Stadt- und Landmauern. 2, Stadtmauern in der Schweiz. Kataloge, Darstellungen. Veröffentlichungen des Instituts für Denkmalpflege an der ETH Zürich 15, 2, 117-126. Zürich; G. Bourgarel, La porte de Romont ressuscitée. Pro Fribourg, no spécial 121, 10-18. Fribourg 1998
Analyse architecturale (élaboration d'un plan d'aménagement de détail). Surface de la fouille 40 m²
Fortification

D'une hauteur de 30.50 m, la tour Henri apparaît comme l'une des plus élancées de la ville de Fribourg, mais elle compte 3.50 m de moins que la tour-porte de Morat. Située à l'angle ouest de la dernière enceinte occidentale, elle occupe le point le plus élevé du quartier des Places incorporé à la ville en 1392. Aujourd'hui isolée du reste de l'enceinte et coupée de la vieille ville par la voie de chemin de fer, elle reste le plus haut édifice du quartier et va être englobée dans le campus universitaire de Miséricorde dans le cadre de la construction d'un nouveau bâtiment pour la faculté de droit. Cette extension, qui mettra la tour quasiment au centre du futur campus, pose la question de son éventuelle affectation, mais les possibilités de réaménagement d'une telle construction sont soumises à de nombreuses contraintes, ce qui a poussé le maître d'ouvrage à entreprendre des investigations sur la tour pour mieux en définir le potentiel d'affectation. Le Service archéologique a donc effectué un recensement de l'intérieur de la tour pour évaluer l'ancienneté de la structure interne - plancher, escaliers, charpente et paroi côté ville -, et vérifier les relevés existants. Afin de compléter ces données, les éléments anciens de la tour ont fait l'objet de datations dendrochronologiques.
La précision des relevés réalisés en 1936/1937 est suffisante pour la planification, mais le pierre à pierre est purement indicatif. Les datations des solivages, de la charpente, de la paroi côté ville et d'une des volées d'escaliers mettent en exergue l'excellent état de conservation de la tour qui a en effet conservé tous ses planchers d'origine ainsi que la volée d'escaliers du deuxième étage. Ces éléments sont constitués de sapin blanc, d'épicéa et de chêne abattus durant les périodes d'automne/hiver 1410/11, 1411/12 et 1412/13. Le sapin blanc domine, l'épicéa n'a été utilisé que pour une seule solive au deuxième étage ainsi que pour les limons de l'escalier de ce niveau et le chêne pour deux solives du premier étage. Ces dernières solives pourraient appartenir à l'installation de chantier car elles sont placées aux extrémités et sont les plus anciennes de ce niveau, les solives de sapin ayant été abattues la saison suivante. Ces dates coïncident exactement avec celles que donnent les comptes de la ville. Les fondations de la tour ont été jetées en 1402 et les travaux se sont poursuivis en 1403. Jean de Delle, Antoine Burquinet et Jean de Saint-Claude étaient alors à l'œuvre. Les travaux ont repris en 1410 sous la direction de maître Thierry et ont été achevés en 1415, les aménagements intérieurs ayant été réalisés en 1412. Encore une fois, les sources et les datations dendrochronologiques montrent que les bois sont mis en œuvre l'année même de leur abattage ou peu après et il en ressort que la flèche qui couronnait la tour à l'origine n'a été dressée qu'en dernier lieu. Sa suppression en 1647/1649 explique l'absence de bois daté postérieur à 1413 et correspond à la construction de la toiture actuelle sur le chemin de ronde du cinquième étage ainsi qu'à la fermeture côté ville, la tour étant initialement ouverte à la gorge sauf au rez-de-chaussée. Ces transformations, dont la date restait à découvrir, s'inscrivent dans les travaux de renforcement des fortifications entrepris par la ville au milieu du 17e siècle sous la direction de Jean-François Reyff dont la réalisation majeure a été la redoute de la porte de Romont.

Prélèvements: 42 bois datés par dendrochronologie, Réf. LRD15/ R 7219.
Datation: dendrochronologique; historique.
SAEF, G. Bourgarel.