CN 1185, 569 980/192 430. Altitude env. 453 m. Date des fouilles: mai-octobre 2004. Références bibliographiques: M. Verzàr, Un temple du culte impérial. Aventicum II, CAR 12. Lausanne 1977; Ch. Chevalley/ J. Morel, BPA 34, 1992, 44-47; BPA 46, 2004, à paraître. Fouille de sauvetage programmée (pose de collecteurs d'eau et du chauffage à distance). Surface de la fouille env. 450 m². Temple et constructions annexes, artisanat, tombes.

Le passage obligé de nouvelles conduites au travers du site classé du temple de la Grange des Dîmes a impliqué l'ouverture d'une large tranchée qui a révélé les vestiges de différentes phases d'occupation s'échelonnant entre le début de la période romaine et le Moyen-Âge.
Hormis quelques rares tessons de céramique qui signalent une première fréquentation des lieux à partir du dernier quart du 1er siècle av. J.-C., les aménagements les plus anciens remontent à la 1ère moitié du 1er siècle apr. J.-C. Ils consistent en plusieurs fossés (fig. 17,1) s'apparentant à ceux découverts en 1992, alors interprétés comme des fossés d'enclos de tradition celtique (fig. 17,2). Le tracé rayonnant que semblent adopter ces nouveaux fossés évoque plus volontiers un réseau de drainages épousant la courbure du pied de la colline.
Sous le podium du temple, subsistaient les restes d'un empierrement renfermant un mobilier de la 2ème moitié du 1er siècle apr. J.-C. (fig. 17,3). Deux autres groupes de fossés, d'une orientation proche de celle du temple, pourraient être des négatifs de murs de premiers bâtiments (fig. 17,4.5). Sous le mur est de péribole (fig. 17,6), est apparu un massif maçonné, large de 6 m et épais de 1 m, susceptible de correspondre au soubassement d'un édifice quadrangulaire, probablement à caractère religieux (fig. 17,7). Les remblais qui scellaient ce massif renfermaient de nombreux résidus d'activités métallurgiques (scories, déchets de bronze et creusets en terre cuite), supposant l'existence d'un secteur artisanal à proximité, antérieur voire contemporain de l'édification du complexe religieux monumental, vers la fin du 1er siècle apr. J.-C.
En ce qui concerne le temple lui-même, seules les fondations des murs de la portion nord de sa cella et de sa galerie périphérique ont pu être documentées (fig. 17,8), ses niveaux de circulation ayant été occultés par les travaux routiers de l'époque bernoise. Un nouvel édifice contemporain de la phase monumentale a été mis en évidence une dizaine de mètres à l'est du temple, suivant la même orientation (fig. 17,9). De plan vraisemblablement carré, de 11 m de côté, ce bâtiment abritait un dispositif central particulier dont ne subsiste que le soubassement, constitué de quatre piles maçonnées, de 1,60 m de côté (fig. 17,10). Chacune de ces piles était dotée en son milieu d'une cavité, de 0,45 m de côté pour une profondeur de 1,40 m (fig. 18). Les dalles de grès présentes au fond de chaque cavité devaient sans doute servir d'appui à de grands montants en bois. Le remplissage de ces trous d'encastrement présumés contenait, outre un mobilier céramique peu abondant de la 2ème moitié du 1er siècle apr. J.-C., sept monnaies, majoritairement de l'époque flavienne, ainsi que deux rouelles en bronze. La fonction de ce dispositif reste incertaine. Les cassures observées sur l'angle intérieur de chaque pile paraissent correspondre à l'arrachage d'une structure circulaire, de 2 m de diamètre, peut-être le fond d'un bassin ou le socle d'une statue.
Lors d'une phase tardive, que l'on ne peut encore préciser, les murs de ce bâtiment annexe ont été reconstruits à l'aide d'éléments architecturaux en remploi, tandis que des murets sont venus ceinturer les piles de son dispositif central (fig. 17,11). Les murs de galerie du temple comportent eux aussi les traces de réfection.
Signalons enfin la découverte de quinze tombes à inhumation qui font vraisemblablement partie du groupe de sépultures de l'époque médiévale mis au jour en 1992 (fig. 17,12).

Mobilier archéologique: céramique, lampes, verre, bronze, fer, plomb, scories, architecture, peinture murale, tabletterie, fibules, 29 monnaies, déposé au MRA.
Matériel anthropologique: 15 squelettes.
Faune: divers ossements animaux.
Prélèvements: ossements humains; sédiments.
Datation: archéologique; numismatique. 1er-3e siècle apr. J.-C.; époque médiévale? (analyses C14 en cours). Fondation Pro Aventico, J. Morel et A. Mazur.