CN 1145, 568 800/209 000. Altitude 433 m.
Date des fouilles: 2.6.-10.11.2008.
Site nouveau.
Fouille de sauvetage programmée (construction d'une centrale électrique à gaz).
Surface de la fouille env. 380 m².
Site de plein air.

Dans le cadre du projet de construction d'une centrale électrique à gaz, quelque 70 sondages préliminaires à la pelle mécanique ont été effectués en 2007, au lieu-dit «Prés du Chêne» à Cornaux. Couvrant une surface d'environ 2,5 ha, ces opérations ont permis de récolter plusieurs centaines de pièces en silex mésolithiques, dispersées sur la quasi-totalité du champ touché par les futurs travaux. Trois aires plus denses en mobilier ont, en outre, été localisées en contrebas du site, au point de rupture entre la pente et une zone plane correspondant à d'anciens marais.
Une première campagne de fouilles a été réalisée sur l'une des trois aires mises en évidence lors des sondages (zone sud): un secteur (8 x 4 m) a fait l'objet d'une fouille systématique manuelle (par quart de m² et sur une épaisseur moyenne de 50 cm), suivie d'un tamisage exhaustif des sédiments prélevés; en parallèle, plusieurs secteurs ont été décapés à la pelle mécanique sur une surface d'environ 350 m².
Ces travaux ont notamment permis d'individualiser une succession de couches appartenant à au moins trois unités sédimentaires distinctes (limons sableux brun-gris, à graviers et galets de fractions variables), relativement riches en artefacts lithiques. Les premières observations de terrain, qu'il conviendra de compléter avec une vision spatiale plus large et d'étayer avec des analyses en laboratoire (granulométrie, micromorphologie, etc.), laissent supposer que ces différents dépôts résultent de plusieurs épisodes de crues d'anciens cours de la Thielle. Ces différentes «berges», ainsi formées en bordure de la rivière durant le Mésolithique, ont pu servir d'endroits privilégiés pour des installations périodiques de campements de chasseurs-cueilleurs.
Plus de 5000 pièces en silex ont été recueillies dans le secteur de fouille fine. Elles se composent essentiellement d'éclats, mais comprennent également des nucléus et des outils. Ces derniers permettraient d'attribuer les deux unités sédimentaires inférieures au Mésolithique moyen par la présence d'armatures, tels des pointes de Sauveterre et des triangles isocèles et scalènes. Les armatures comptent également des segments, des pointes à dos courbe et des lamelles à troncature oblique. Quelques microburins attestent de cette technique pour l'obtention des armatures. Les outils du fonds commun sont dominés par les grattoirs, principalement unguiformes, à côté desquels on trouve des burins, des perçoirs et des pièces esquillées. Des éléments comme une pointe de flèche asymétrique à base concave et des lamelles de type Montbani suggèrent une fréquentation du site durant le Mésolithique final (unité supérieure?).
Aucun véritable aménagement n'a été mis en évidence durant cette campagne; toutefois, des épandages de charbons de bois et la présence de pierres rougies et/ou éclatées au feu attestent l'utilisation d'aires de combustion que seule une fouille plus extensive permettra de circonscrire.

Faune: non conservée hormis quelques fragments de dents.
Prélèvements: sédimentologiques; charbons de bois pour C14.
Datation: archéologique. Mésolithique moyen.
OMAN, S Wüthrich, M.-I. Cattin et J. Becze-Deák.