CN 1145, 568 800/209 000. Altitude 433 m.
Date des fouilles: 1.7.-4.11.2011.
Références bibliographiques: AAS, 92, 2009, 268s.; 93, 2010, 211s.; 94, 2011, 225.
Fouille de sauvetage programmée (construction d'une centrale électrique à gaz). Surface de la fouille env. 600 m². Site de plein air.

En 2011, à l'instar de l'intervention de 2010, les recherches se sont concentrées dans la zone méridionale de la parcelle. Dans la continuité des précédentes opérations de décapages systématiques manuels, un dernier secteur (3615) a été exploré partiellement, en complément d'informations sédimentologiques et archéologiques. Aucun aménagement particulier n'y a été observé; ainsi, seuls les artefacts en silex témoignent d'installations de chasseurs-cueilleurs sur les anciennes berges de la Thielle, oblitérées lors de crues successives de la rivière, entre les 5ᵉ et 3ᵉ mill. avant notre ère. L'éventail chrono-typologique des armatures de projectile en silex est comparable à ceux des assemblages des autres secteurs déjà fouillés: lamelles à dos et pointes à dos courbe du Paléolithique final; triangles, segments et pointe de Sauveterre du Mésolithique moyen; trapèze et pointe à base concave (Mésolithique final); pointe de flèche triangulaire à base rectiligne et pointe pédonculée du Néolithique final.
En marge du secteur 3615, les opérations de terrain se sont concentrées plus en amont, dans une aire située en retrait de la zone inondable, avec pour objectif de circonscrire un épandage de pierres brûlées, très partiellement révélé en 2010 (AAS 94, 2011).
Daté par C14 vers 2400 à 2200 av. J.-C., cet aménagement, qui s'étend désormais sur une surface d'au moins 100 m², est presque exclusivement composé de galets, rougis et/ou éclatés au feu. Une quantité modeste d'objets y a été récoltée: fragments de récipients en céramique, outils en silex (des grattoirs et une lame de poignard) ou encore un ciseau en roche verte. A priori, l'empierrement ne semble pas avoir subi une combustion sur place. Dès lors, l'hypothèse d'une aire de rejet de foyers à pierres de chauffe pourrait être évoquée, toutefois sans être véritablement convaincante, aussi longtemps que de tels vestiges n'auront pas été localisés. A l'inverse, cet épandage de galets brûlés pourrait refléter une volonté de récupérer des matériaux potentiellement réutilisables à d'autres fins. En définitive, la véritable fonction de cette structure demeure incertaine en l'état actuel des investigations. Son aménagement dans une légère dépression humide pourrait répondre aux contraintes liées aux conditions environnementales, en servant notamment d'assainissement et de soubassement à l'installation d'une aire d'activités, dont les spécificités restent à définir. Dans l'attente d'analyses plus détaillées, l'hypothèse retenue pour l'instant est celle d'un soubassement d’habitat daté de la fin du Néolithique (Campaniforme).
D'autres vestiges découverts à proximité immédiate sont également à signaler. Des dents, mais surtout des ramures de cerf, identifiées comme des bois de massacre, témoigneraient notamment de la pratique de la chasse vers 3000 av. J.-C. (Horgen). Cinq artefacts en roche verte, dont deux lames de hache en parfait état, ainsi que trois pièces brisées en cours de fabrication, ont également été mis au jour. S'il est désormais acquis que les berges de l'ancienne Thielle ont longtemps attiré des groupes de chasseurs-cueilleurs, dès la fin du Paléolithique et durant le Mésolithique, les campagnes de fouilles de 2010 et surtout de 2011 révèlent, dès lors, que des communautés d'agriculteurs ont également investi à plusieurs reprises cet axe de communication stratégique, en exploitant les ressources naturelles et le terroir situé en retrait des zones inondables.

Faune: non conservée hormis quelques fragments de dents et ramures de cerfs.
Prélèvements: sédiments; charbons de bois pour C14.
Datation: archéologique. Azilien; Mésolithique ancien, moyen et final; Néolithique moyen et final. - OSL. Néolithique. - C14. Horgen.
OMAN, S. Wüthrich, M.-I. Cattin et J. Becze Deák.