CN 1225, 2570960/1163340. Altitude 759 m.
Date des fouilles: juillet-août 2018. Références bibliographiques: R. Flückiger, Mittelalterliche Gründungsstädte zwischen Freiburg und Greyerz. Freiburger Geschichtsblätter 63, 1984, 131-148; G. Bourgarel, Bulle, Rue de la Poterne. CAF 10, 2008, 241; G. Bourgarel, Bulle: origines et développement. In: D. Bugnon/G. Graenert/M.-F. Meylan Krause et al., Découvertes archéologiques en Gruyère. Quarante mille ans sous la terre, 100-101. Fribourg 2009; G. Bourgarel, Bulle - Poterne: au pied de l'église à petits pas. as. 37. 2014, 2, 66-71; G. Bourgarel/R. Tettamanti, De l'eau, des pieux et un mur d'enceinte : l'urbanisation de la Bulle médiévale. CAF 16, 2014, 104-109; R. Tettamanti/L. Dafflon/Ph. Cogné, Bulle FR, Rue de la Poterne. AAS 98, 2016, 232.
Fouille programmée (construction d'un quartier d'immeubles). Surface de la fouille env. 1030 m².
Fortification.

Les campagnes de fouille de 2013 et 2014 avaient permis de mettre en lumière les travaux d'urbanisation menés en contrebas de l'église. Les fouilles archéologiques avaient également permis de dévoiler la limite septentrionale du système défensif. Des sondages diagnostiques effectués en 2016, à l'est, sur une parcelle voisine, avaient révélé plusieurs structures et murs pouvant remonter au Moyen Âge. La concrétisation du projet immobilier en 2018 a donc nécessité l'intervention du SAEF afin de documenter de manière extensive ces vestiges et compléter ainsi les données récoltées en 2013, 2014 et 2016.
La fouille de 2018 a occasionné la découverte du prolongement du mur d'enceinte en direction de l'est. Élevé au plus tôt dès le début du 14ᵉ siècle, il est conservé au niveau de ses fondations. Son retour, encore signalé sur le plan de cadastre de 1722, a été découvert et marque l'angle nord-est de la ville. L'orientation de son tracé correspond, à ce titre, à celui des façades arrière du rang de maisons extérieur de la rue du Marché. Ses dimensions imposantes présentent une épaisseur de plus de 1,7 m et devaient atteindre en élévation une hauteur de 9 m.
Grâce à la campagne menée cette année, on peut désormais confirmer l'existence d'un système de fortifications étendu dont les aménagements sont réitérés sur plusieurs côtés du bourg (fig. 37). Les fondations de l'enceinte sont aménagées dans un sédiment tourbeux, ce qui semble nécessiter, à l'est, de consolider la tranchée d'implantation évasée en y déposant des troncs ou rondins de bois. Au nord, en revanche, la tranchée entame le terrain naturel en palier, côté ville. La découverte d'un deuxième mur de fortification, en aval de l'enceinte, indique la présence d'un mur de braie pour la limite orientale, comme déjà observé pour la limite nord. Il apparaît toutefois avec des fondations plus profondes. Fabriqués avec un mortier très semblable, ces deux murs de fortification sont probablement issus d'un même programme de construction qui voit dès lors la création d'une lice de 5,8 m de largeur, alors qu'elle est de 4 m au nord. Un fossé, dont la largeur a pu être établie à 10,9 m entre le mur de braie et le mur de contre-escarpe, venait renforcer la protection de la ville à cet endroit. Il est presque deux fois plus large que le fossé découvert au nord, mesurant à peine 6 m. L'accumulation de couches limoneuses et organiques apporte la confirmation que cette douve était inondée en permanence. Très peu de matériel conservé remonte à sa période d'utilisation, si ce n'est une chaussure en cuir actuellement en cours d'analyse.
Lors de la période d'abandon du fossé, le terrain marécageux a probablement favorisé l'instabilité du mur de braie dont l'effondrement, peut-être volontaire, a contribué au comblement de la douve. Malgré l'humidité du sol, l'occupation du secteur a perduré au cours de la période moderne. Une grange et une maison étaient établies sur la parcelle en 1722 tandis qu'à l'ouest, des jardins recouvraient les vestiges des premières habitations construites à la fin du 13ᵉ siècle. Plus tard, la création d'une scierie a entraîné la construction de locaux en profondeur qui ont détruit les vestiges localisés dans l'angle intra-muros. Le mur d'enceinte a servi doublement de mur de fermeture et de refend à l'usine en question jusqu'en 1943, date de l'incendie du bâtiment.

Mobilier archéologique: céramique, métal, organique, verre. Prélèvements: organique (pieux, chaussure). Datation: archéologique.