Dans le cadre d’un projet de documentation des caves anciennes du Bourg de Fribourg, une exploration des lieux a pu être organisée depuis le bâtiment de la Préfecture. Un espace souterrain assez vaste, composé de cinq caves (n°1-5), a été reconnu, présentant des désordres statiques importants. En effet, le pilier localisé entre les espaces n°4 et n°5 montrait de nombreuses dégradations notamment sur les premiers blocs taillés de son fût. Face à l’urgence de consolider l’édifice, le Service des bâtiments de l’État de Fribourg a commandité des études d’experts. L’intervention initiale prévoyant uniquement une documentation des anciennes caves s’est donc transformée en opération d’accompagnement de travaux de consolidation. Les expertises ont montré que le taux élevé d’humidité induisait des désordres dans les maçonneries ainsi que le développement de spores sur la surface des murs. L’action conjointe de ces agents a conduit à une dégradation importante de la pierre. Avant toute intervention sur les maçonneries, le Service archéologique de l’État de Fribourg a réalisé une acquisition par photogrammétrie des espaces. Cinq sondages ont également été pratiqués dans les sols des caves n°3-5 afin de reconnaître les niveaux antérieurs à la pose d’une chape de béton sur les sols. Notons que cette dernière a participé à l’augmentation du taux d’humidité en empêchant la circulation de l’air. Les espaces n°1-5 appartenaient à cinq habitations qui se développaient rue du Pont-Suspendu au Moyen Âge et dont les rez-de-chaussée et les étages ont été détruits. En 1787, les sources attestent que deux maisons ont été réunies en un bâtiment dont les façades sud et ouest sont reconstruites. Une cour intérieure est aménagée, donnant actuellement sur la rue de la Poste. L’accès actuel aux sous-sols s’effectue par l’intérieur de la Préfecture alors que des escaliers et des ouvertures bouchées montrent que l’accès aux caves se faisait à l’origine par la rue du Pont-Suspendu. Côté cour, des soupiraux, également bouchés, permettaient l’aération des caves. Les cinq espaces communiquent entre eux et sont tous voûtés par une maçonnerie de tuf. Les caves n°4 et n°5 sont séparées par une paroi avec deux arcades reposant sur un pilier à chapiteau mouluré dont le tailloir évoque l’esquisse de crochets. Il pourrait être daté du 15 et 16e s., comme celui situé à la Grand-Rue 48. Les arcades surbaissées, réalisées en briques, sont postérieures. Ces arcs marquent la réunion des deux espaces de cave en un seul à la fin du Moyen Âge et donc des deux maisons contiguës. Le plan Martini de 1606 montre également quatre maisons à leur emplacement. La cave n°5 est excavée dans le substrat molassique vers le nord. Les sondages au sol montrent que les sols étaient recouverts de grandes dalles de molasse. L’analyse complète de ces espaces sera développée ultérieurement.