CN 1085, 573 150/251 630. Altitude 436 m
Date des fouilles: avril-juin et septembre-décembre 2008
Références bibliographiques: J.-D. Demarez, Répertoire archéologique du canton du Jura du Ier siècle avant J.-C. au VIIe siècle après J.-C. CAJ 12. Porrentruy 2001; ASSPA 88, 2005, 364; AAS 90, 2007, 171s.; 91, 2008, 205s.
Fouille de sauvetage cantonale programmée (construction d'un lotissement). Surface de la fouille 2008 env. 3500 m². Habitat.

La fouille de 2008, qui fait suite à quatre années d'interventions consécutives, s'est occupée des dernières parcelles mises en zone archéologique fin 2004, situées au nord du site à proximité de l'ancien stand de tir. L'un des buts de cette intervention était de fouiller deux bâtiments implantés suivant la même orientation nord-sud. La zone couvrant près de 7000 m², la campagne de printemps a été précédée d'une prospection géophysique destinée à restreindre l'ampleur des investigations archéologiques.
Dans la zone est, la fouille a mis en évidence la partie nord du bâtiment 3 détruit jusqu'aux fondations. Ces dernières s'interrompent sans lien avec le mur est, marqué par un étalement de moellons positionné environ 1 m au-dessus de la base des fondations du mur nord. Cette différence de niveau dans l'implantation des structures ne peut s'expliquer que par une construction dans une forte pente. Toute la partie sud a été détruite en 2004 lors des travaux de viabilisation. L'exploration de ce bâtiment a permis de dégager les accès du four à chaux 2 (1ère phase d'occupation), qui se présentent sous la forme d'une cuvette empierrée, inclinée en pente douce en direction de la fosse de défournement. De gros blocs de calcaire micritique destinés vraisemblablement à la réfection du four, y ont été abandonnés. L'ensemble était aménagé dans une doline, afin de faciliter l'exploitation du four. Plus à l'est, un mur mal fondé suivant une autre orientation et repéré sur plus de trente mètres, est probablement à mettre en lien avec une délimitation de parcelle ou un aménagement en terrasse.
La campagne d'automne s'est attachée dans la zone ouest à poursuivre le dégagement du bâtiment 2, un imposant édifice à plan basilical similaire à ceux d'Orbe VD-Boscéaz ou de Seeb ZH-Winkel. Le corps principal (45 x 22.5 m) était muni d'un plancher subdivisé par deux rangées de dés en pierre qui servaient de bases aux piliers soutenant la charpente et la toiture de tuiles. L'ajout de petits locaux bordant le flanc ouest de l'édifice, porte sa largeur à environ 26 m. Sur le côté sud, la découverte de gonds en fer permet de restituer une entrée.
Ce bâtiment à fonctions multiples (grange, entrepôt ou habitation réservée aux ouvriers agricoles) atteste avec certitude de l'existence d'un nouvel établissement rural d'importance en Ajoie et permet d'attribuer les trois édifices découverts jusqu'ici à la partie agricole de cette villa. La pars urbana n'a pas encore été localisée. Seules quelques tesselles en pâte de verre témoignent de mosaïques d'une certaine richesse.
Il est difficile de savoir quel est le lien qui unit cette villa et la petite agglomération dont on suppose l'existence à Porrentruy en raison de sa situation privilégiée à la croisée de plusieurs voies de communication et de la présence d'un sanctuaire gallo-romain. La proximité des deux sites pourrait laisser croire qu'un hameau se soit constitué aux alentours de la villa et lui aurait succédé au haut moyen-âge. L'église Saint-Germain, attestée dès 1140, est en effet considérée comme l'un des noyaux pré-urbains de Porrentruy et pourrait remonter à cette période. Le mobilier mis au jour comprend de nombreux objets en fer, de la céramique, des monnaies et plusieurs fibules en bronze. Ces objets situent la construction de cet édifice dans le courant du 2e s. apr. J.-C. Un incendie survenu après 267 apr. J.-C., ainsi que l'indique une monnaie de Gallien, a mis fin à l'occupation du bâtiment.

Faune: non étudiée.
Prélèvements: Charbon de bois, sédiments.
Mobilier archéologique: Céramique, monnaies, éléments en terre cuite d'installation de chauffage, mobilier métallique et scories ferreuses, tesselle de mosaïque (trouvaille isolée).
Datation: archéologique. Bronze final; Époque romaine. OCC/SAP JU, V. Légeret.