CN 1184, 563 250/191 850. Altitude 440-443 m.
Date des fouilles: mai-décembre 1990.
Références bibliographiques: Antike Welt 16, 1985, 3, 14; ASSPA 73, 1990, 155-159; AS 13, 1990, 169-184; Archéologie fribourgeoise, Chronique archéologique 1987-88 (1991), 105-112.
Fouille programmée. Surface de la fouille env. 600 m². Habitat: villa.
La partie actuellement connue de la villa étant constituée de trois corps de bâtiments, la campagne de fouilles 1990 (fig. 33) avait plusieurs buts:
- analyse de l'angle nord-est de la villa et fouille d'une dizaine de pièces adjacentes, en vue de préciser la chronologie relative des deux corps de bâtiments perpendiculaires;
- dégagement et relevé de la mosaïque de 97 m², entrevue en 1985;
- analyse de la relation entre le corps de bâtiments sud et celui fouillé en 1989, et étude de la zone d'occupation située à l'est de la villa.
L'analyse de l'angle de la villa a révélé que, dans un premier temps, le corps de bâtiment nord présentait une façade sud symétrique, bordée d'un portique comportant une pièce à chaque extrémité. La destruction de la pièce orientale est due à la création d'une nouvelle pièce plus grande, appuyée contre la façade orientale du bâtiment. La surface de cette pièce est ensuite réduite au profit du portique, lors de la construction du corps de bâtiment central. Enfin, la dernière étape importante est la construction de deux pièces, dans l'angle formé par le portique nouvellement créé et le corps de bâtiment central, dont elles sont séparées par un corridor.
Plusieurs pièces du corps de bâtiment nord possèdent des sols de terrazzo très bien conservés, et une autre, qui comporte une abside, abrite la grande mosaïque. A l'exception de cette abside, tangente au mur nord de la villa, tous les murs internes sont constitués de solins maçonnés supportant des élévations légères en colombages (remplissage de briques crues, de fragments de tuiles). Toutes les pièces présentent des traces de peintures murales polychromes, in situ ou effondrées, en partie au décor végétal.
Peu abondant, le matériel archéologique comprend neuf monnaies, dont les cinq déterminables couvrent une période très courte, de Victorinus à Tacitus (268-276).
Creusée au Haut Moyen Age dans les ruines de la villa, une tombe orientée nord-sud, qui fait suite aux deux autres dégagées en 1987, a perforé la bordure occidentale de la mosaïque. Elle a livré une petite boucle de ceinture en fer damasquiné d'argent.
Le chantier sud a permis de compléter le plan du corps de bâtiment sud, de préciser sa chronologie relative avec le corps de bâtiment central, de poursuivre la fouille d'une zone d'occupation située à l'est de la villa, de reconnaître plusieurs négatifs de poteaux appartenant à une construction postérieure et de fouiller une fosse ayant livré une forme en céramique sombre grise rattachable au Haut Moyen Age.
Le corps de bâtiment sud, exclusivement composé de murs étroits (0,38 m) supportant des élévations légères en colombages, compte sept locaux agencés autour d'une grande pièce centrale probablement vouée à des activités domestiques. Trois galeries s'appuient contre les murs des façades ouest, nord et est, qui sont liés entre eux. Les limites méridionales de cet édifice restent inconnues puisqu'il se poursuit sous la route cantonale. A l'extérieur, un fossé ayant livré un abondant matériel archéologique bordait la totalité du corps de bâtiment connu. Situé une dizaine de mètres à l'est de la galerie orientale, un solin de fondation doté d'une élévation en argile a été localisé. Déjà entrevu en 1985 et interprété comme mur extérieur de jardin, il sera dégagé exhaustivement en 1991.
Chronologiquement, l'occupation de cet habitat se situe entre le milieu du 1er s. ap.J.-C. et le milieu du 2e s. Une phase de construction correspondant à la réfection de quelques murs, à la création d'un petit corridor doté d'un sol de terrazzo dans la galerie nord et au recreusement du fossé extérieur y a été identifiée.
La construction du corps de bâtiment central intervient après la destruction totale du bâtiment sud, qui a été nivelé dans toute sa moitié occidentale. Seules ses limites ouest et nord ont été réutilisées comme fondations pour une nouvelle construction établie en appui contre le corps de bâtiment central. A l'est, la fermeture était assurée par un mur (en pointillé sur le plan fig. 33) reposant en partie sur des anciens murs et perforant le reste des anciennes structures. La largeur de ce bâtiment, doté à l'ouest d'une annexe, avoisine 9 m ; sa longueur ne peut être déterminée en raison de son prolongement au-delà de la zone fouillée. Aucune interprétation n'est proposée pour l'instant quant à sa fonction. Par contre, deux grosses fosses sont attestées dans sa partie nord. Elles contenaient les résidus charbonneux d'un hypocauste ayant chauffé une pièce créée tardivement dans la cour du corps de bâtiment central. Une monnaie de Constans ou de Constance II (337-361) a été recueillie dans le remplissage d'une de ces fosses.
La zone d'occupation située à l'est de la villa, partiellement fouillée en 1989, correspond à quatre locaux et un four/foyer aménagés sur un épais remblai composé en majorité de fragments de tubuli et de tuiles. Leurs parois légères, construites selon la technique du colombage avec un remplissage d'argile renforcé d'un clayonnage, reposaient sur des sablières basses contre lesquelles des sols d'argile ont été installés. Plusieurs fragments d'architecture tels que base, fût et chapiteau d'une colonne en grès de la Molière (diam. 0,52 m ) ont été réemployés comme bases de poteaux et fondation de sablière. La fouille de ces locaux et de leurs abords a livré environ 80 monnaies dont l'étude est actuellement en cours (A.-F. Auberson, SAFR). Il semble néanmoins que leur occupation soit comprise entre les règnes de Gallien et Tacite (253-276). Une monnaie de Constantin I (313-315) a également été recueillie sur la destruction finale de ces locaux.
Le dégagement de plusieurs négatifs de poteaux postérieurs à la villa suscite un intérêt tout particulier quant à la continuité de l'occupation du site. Ces structures complètent le plan d'autres négatifs de poteaux vus en 1988 et 1989, et orientés obliquement par rapport aux vestiges antiques. Si l'interprétation de ces structures reste prématurée (habitat?, enclos?), plusieurs indices chronologiques (pierre ollaire, amphore africaine, agrafe à double crochet en bronze) attestent une occupation au Bas-Empire, mais ne peuvent y être associés.
Une fosse a également été creusée depuis le sommet de la destruction antique finale et a livré, outre des restes alimentaires, plusieurs tessons d'un pot à cuire en céramique commune sombre-grise à gros dégraissants de quartz. La panse hémisphérique, l'encolure haute et la lèvre déversée en bandeau, correspondent aux critères caractéristiques des formes apparaissant dès la fin du 5ᵉ siècle dans la vallée du Rhône, notamment dans la région lyonnaise. Cette découverte permet désormais d'établir un lien avec les premières occupations attestées à l'emplacement de l'église de Carignan située à proximité.
La mosaïque (surface de 97 m² ) découverte en 1985 et dégagée en 1990 (fig. 34) dans l'une des plus grandes pièces de la villa est constituée de deux tapis successifs: le premier, dans l'abside et mis au jour seulement sur une partie de sa surface, présente une composition orthogonale de paires tangentes de peltes adossées, alternativement couchées et dressées, en opposition de couleur (noir sur fond blanc), l'apex terminé en croisette; le second, dans la partie principale de la pièce (8,90 par 8,80 m), montre une composition en nid d'abeilles de dix grands hexagones et d'étoiles de six losanges déterminant de petits hexagones adjacents, le tout au trait.
Les dix hexagones du tapis principal sont tous figurés et représentent un spectacle de chasse en amphithéâtre (venatio) divisé en quatre scènes allant en s'élargissant depuis l'abside: - première scène (un seul hexagone): un cerf cabré est attaqué par un chien qui lui mord le ventre, blessure de laquelle s'échappent deux filets de sang;
- deuxième scène (deux hexagones): un dompteur dirige, d'un geste impératif et à l'aide d'une grande gaule, un lion vers une biche qui s'enfuit en se retournant;
- troisième scène (trois hexagones): un taureau (fig. 35) charge un gladiateur muni d'un bouclier dans sa main gauche et d'une hache dans l'autre, tandis qu'un second gladiateur (fig. 36) va transpercer la bête de l'une de ses trois lances;
- quatrième scène (quatre hexagones): un ours bondit contre un gladiateur qui l'excite avec un fouet, alors qu'un autre gladiateur s'enfuit et qu'un troisième observe la scène.
Les espaces entre les grands hexagones sont comblés par une trentaine d'étoiles de six losanges noirs sur fond blanc et par plus de quarante petits hexagones, dont la plupart sont ornés de fleurons géométriques plus ou moins complexes. Trois de ces petits hexagones comportent des cra-
teres en calice et un, un anneau fixé à une plaque trapézoïdale munie d'une fente, interprétée comme la représentation en trompe-l'œil d'une plaque d'égout. Le tapis principal est entouré d'un rinceau de fleurs et de feuilles alternées émergeant d'un culot d'acanthe situé près du seuil. Les scènes principales étant orientées de manière à être intelligibles depuis l'abside, cette pièce a dû servir en premier lieu de triclinium (dit dans ce cas «en omega»). La mosaïque comporte plus d'un million de tesselles mesurant généralement 6-8 mm de côté, sauf dans les personnages et les animaux où les cubes plus petits sont fréquents. Les matériaux utilisés sont le calcaire, la terre cuite et le verre, permettant ainsi de jouer avec une palette de soixante-trois couleurs et nuances différentes. Les perturbations du pavement résultent soit de réparations antiques (réalisées avec des tesselles de grande taille sans respecter le schéma de la mosaïque, ou avec des éclats de briques), soit de trous de poteaux, soit de la creuse d'une tombe au Haut Moyen Age.
La complexité du dessin géométrique et la finesse de certains détails, mais aussi le sentiment que d'autres ont été effectués plus rapidement, font penser que ce pavement n'a pas été conçu avant le début du 3ᵉ siècle.
Datation: archéologique. 1er-7° s. ap. J.-C.
SAFR, J.-B. Gardiol, F. Saby et S. Rebetez.
Vallon FR, Sur Dompierre
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Dettagli della cronacha
Comune
Vallon
Cantone
FR
Località
Sur Dompierre
Coordinate
E 2563250, N 1191850
Altitudine
440 m
Numero del sito cantonale
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Numero dell'intervenzione cantonale
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Nuovo sito
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Campionamento
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analisi
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istituzione
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Data della scoperta
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Superficie (m2)
600 m2
Data di inizio
01 maggio 1990
Data di fine
31 dicembre 1990
Metodi di datazione
archeologico
autore
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Anno di pubblicazione
1991
Epoca
Impero romano
Tipo di sito
abitato, abitato (villa)
Tipo di intervenzione
Scavo (Scavo di salvataggio)
Mobiliare archeologico
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ossa
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materiale botanico
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