CN 1145, 573956/212569. Altitude 431 m.
Date des fouilles: 26.-30.4. et 7.-10.5.2012.
Site nouveau.
Références bibliographiques: S. Froidevaux, Une digue du Moyen Age sur les berges de La Neuveville. Arch BE 2013 (à paraître).
Fouille de sauvetage programmée (construction d'un immeuble). Surface de la fouille env. 700 m².
Aménagement littoral.

L'intervention archéologique de 2012 répond à l'annonce de construction d'un locatif à l'Avenue des Collonges 10a, à 220 m à l'est de la cité médiévale de La Neuveville et un peu plus de 100 m de la rive actuelle.
C'est sous un remblai moderne et à la surface des premiers sédiments lacustres que sont apparues les têtes arasées de 250 pieux agencés en rangées rectilignes, parallèles et perpendiculaires à la rive actuelle. Les constructions les plus imposantes sont constituées d'alignements de pilotis, flanqués d'un seul côté, de blocs calcaires, sur une largeur de près de 2 m. Un premier axe, parallèle à la rive, traverse presque la totalité de la surface fouillée. Si son prolongement en direction du bourg médiéval dépasse l'emprise de la fouille, son extrémité opposée, en revanche, amorce un retour à angle droit en direction de la terre. Les blocs lui étant associés, dont la pression latérale a perturbé la verticalité des pieux, s'étendent côté rive. Perpendiculaire à cet axe principal mais agencé de façon analogue, un second tronçon vient buter contre lui depuis la terre ferme, aux deux tiers environ de sa longueur. Les blocs qui le bordent à l'ouest, ont ici aussi provoqué l'inclinaison des pilotis. Seuls 13 d'entre eux, intégralement enclavés dans les pierres du premier axe, et encore parfaitement verticaux, témoignent de la succession de deux phases de construction, dans un intervalle chronologique succinct.
Quatre alignements secondaires, constitués uniquement de pieux, complètent ces aménagements. Deux tronçons de quelques mètres courent parallèlement à la structure principale, à respectivement 1 et 2 m au large de celle-ci, et ont vraisemblablement rempli une fonction de brise-lame. La présence d'entailles et de mortaises, irrégulièrement réparties sur la hauteur de plusieurs de ces bois témoigne du recours à des éléments en réemploi. Enfin, deux courts segments de plusieurs pieux, tangents à l'angle oriental dessiné par le retour de la structure principale, semblent également avoir joué un rôle protecteur contre les vagues et les remous. Lors de la création de la cité au 14e siècle, le niveau du lac était de quelques mètres supérieur à celui connu actuellement, si bien que la rive médiévale se situait à hauteur des structures documentées ici. Si l'étroitesse de la surface fouillée ne permet pas de préciser leur fonction exacte, l'ancien toponyme de la zone 'La levée des épancheurs', constitue un argument supplémentaire qui plaide en faveur de tronçons de digue ou de môle.
Aucun des bois analysés n'a permis l'obtention de datation dendrochronologique. L'absence même de corrélation entre les différents échantillons tend à confirmer le recours à des bois d'origines diverses (réemplois), quoique vraisemblablement régionales. Quelques datations radiocarbones permettent néanmoins de préciser la chronologie des aménagements. Les brise-lames constituent les structures les plus récentes. Leurs pieux traversent en effet un niveau organique naturel daté par C14 du début du 14e siècle. Cet horizon n'est présent qu'à l'extérieur de la digue. Sa construction précède donc la formation de ces dépôts. Les blocs calcaires qui la composent, reposent, quant à eux, sur une couche de craie postérieure au 11e siècle.
L'aménagement de ce littoral est donc sans aucun doute à corréler à la fondation de la cité, il y a de cela tout juste 700 ans.

Mobilier archéologique: céramique, fragment de chaussure en cuir, manche de couteau en bois, pierre à aiguiser.
Prélèvements: sédimentologie, dendrochronologie, C14.
Datation: archéologique. Moyen-Age. C14. UZ-6107/ETH-47906, 47908, 665±30 BP; UZ-6110/ETH-47909, 1055±30 BP.
S A B, S. Froidevaux.