CN 1185, 569 890/192 630. Altitude 443 m.
Date des fouilles: février-juillet 1991.
Références bibliographiques: ASSPA 74, 1991, 214-220
Fouille de sauvetage programmée (construction d'immeubles). Surface de la fouille env. 1500 m².
Habitat. Bâtiments commerciaux. Entrepôts?
Autres.

La troisième et dernière campagne de fouilles sur le site de Derrière la Tour s'est achevée par l'exploration de la moitié nord de l'insula 7 où ont été mis en évidence une partie des bains et pièces chauffées des demeures de la terrasse supérieure (fig. 15,1.2). La portion en contrebas est occupée par une série de bâtiments à fonction sans doute économique (fig. 15,3-5) qui bordent la rue au nord (cardo). Construits lors de l'important développement du quartier à l'époque sévérienne (ASSPA 74, 1991, 217 s.), ces bâtiments ont supplanté l'habitat épars des deux siècles précédents.

L'avant-corps de la demeure occidentale (fig. 15,3), dont l'exigüité des locaux évoque une destination utilitaire, délimite une cour centrale (30 × 19 m) fermée au sud par le mur de soutènement de la terrasse supérieure (fig.15,6). Bordée à l'est par un espace clos semi-couvert établi à l'angle de la rue (fig. 15,4: marché?), cette cour a reçu dans sa partie médiane un édifice quadrangulaire (10 × 8 m) parfaitement centré sur l'axe de symétrie transversal de l'insula (fig. 15,5).

Il se singularise également par sa division interne quadripartite composée d'une pièce principale (7,30 × 6 m) fermée au nord et flanquée au sud de trois petits locaux sensiblement tous de mêmes dimensions (2,50 × 2 m). La distribution se faisait par le local central au travers de portes à double battant s'ouvrant vers l'intérieur. Les seuils en grès coquillier dont était équipée chacune de ces portes (fig. 15,7) montrent les traces d'un système de fermeture renforcé au moyen de barres de fer. Les dimensions impressionnantes de ces seuils qui occupent presque toute la largeur du local contrastent avec l'étroitesse des lieux.

Si le sol des locaux annexes a été entièrement récupéré, la pièce principale a en revanche conservé les supports de son plancher constitués par quatre rangées régulières de fûts de colonne de molasse réutilisés de la sorte pour la création d'un vide sanitaire (fig. 15,8). Un des indices révélateurs du soin apporté à la finition de ce bâtiment est fourni par les montants d'une de ses lucarnes retrouvés effondrés en place au milieu de la pièce (fig. 15,9). Cette étroite ouverture en abat-jour a gardé les trous de scellement pour une double rangée de barreaux et un vantail muni d'un verrou qui accentuent le caractère blindé de l'édifice (fig.16). Son emplacement original, estimé à environ 4 m de hauteur sur la façade sud de la pièce principale, présume de l'existence d'un avant toit abritant les locaux méridionaux.

Durant son affectation, le bâtiment a été doté d'une annexe occidentale (fig. 15,10) en même temps que la cour a été subdivisée par un refend au mur de terrasse (fig.15,11). Cette nouvelle délimitation est prolongée au nord par l'adjonction d'une petite exèdre ouverte côté rue (fig.15,12). L'accès au bâtiment se faisait alors depuis le sud-est par le dispositif en chicane de la cour (fig. 15,13).

A l'exception des fosses à chaux avoisinantes dont la relation avec le bâtiment central ne peut toutefois être clairement établie (fig. 15,14), aucun indice concernant la destination de celui-ci n'a pu être décelé. En outre, l'absence actuelle de parallèles convaincants ne permet pas d'aller au-delà de l'hypothèse d'un entrepôt pour le stockage de denrées périssables et surtout précieuses qu'inspire la nature des vestiges architecturaux dégagés. Cette interprétation est cependant loin d'être suffisante pour justifier l'importance accordée à ce bâtiment qui se lit au travers de ses finitions soignées et par la position centrale qu'il occupe au sein de l'organisation spatiale du quartier, à moins d'envisager une destination à caractère officiel.

L'élargissement du cadre de recherche avec notamment l'intégration des données des fouilles de 1977 dans la moitié sud de l'insula 7 aux résultats des récentes investigations en cours d'élaboration amènera peut-être des éléments de réponse.

Mobilier archéologique: déposé au MRA.
Datation: archéologique. 1er-3e s. ap. J.-C.
Fondation Pro Aventico - MHAVD, J. Morel.