CN 1165, 2573360/1196815. Altitude 428 m.
Date des fouilles: mars 2015.
Références bibliographiques: Ch. Pugin/P. Corboud/A. Castella et al., Greng, étude préliminaire de la station de «Greng/Spitz». Rapport non publié du Groupe de recherche en archéologie préhistorique (Département d'anthropologie et d'écologie de l'Université de Genève). Genève 1997; E. Pittard, Le relevé topographique de la station néolithique de Greng (lac de Morat). Archives suisses d'anthropologie générale 4, 1921, 247-250.
Fouille sauvetage programmée (érosion) et monitoring. Surface de la fouille 8745 m².
Habitat.

Plusieurs observations subaquatiques et aériennes réalisées ces dernières années au nord-ouest de la pointe de Greng indiquaient une dégradation rapide du champ de pieux de la station Bronze final localisée peu au large, entre 1 et 2 m de profondeur. En 1996 déjà, l'évaluation du site de Greng-Grengspitz réalisée par l'équipe du GRAP indiquait une érosion très active dans cette zone. L'option d'une protection superficielle de ce champ de pieux a été évaluée. Vu l'absence de couche archéologique dans la zone immergée, la faible profondeur d'enfoncement d'une partie des pieux, l'importante hauteur préservée de certains bois et finalement surtout l'extension considérable du champ de pieux (près de 7000 m² dans la zone immergée), une protection par recouvrement de galets n'était pas envisageable.
Le classement du site dans l'objet sériel «Palafittes préhistoriques autour des Alpes» inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO impose de prendre des mesures conservatoires réalisables. La protection superficielle n'étant pas une option envisageable, la sauvegarde de la substance et de l'information archéologique risquant de disparaître à très court terme s'imposait naturellement comme objectif pour la partie immergée de cette station.
Le champ de pilotis est correctement délimité depuis 1996. L'objectif de l'intervention était donc double: localiser systématiquement les pieux encore apparents en plan de nos jours et sauvegarder ceux qui risquaient un déchaussement à très court terme.
L'intervention de 2015 fait suite à celle réalisée en 2014 et avait pour but de terminer le levé des bois de toute la station du Bronze final. Au cours des deux campagnes, 562 pieux ont été cartographiés et décrits sommairement. Le plan ainsi obtenu n'est qu'une vision partielle de l'ensemble de l'occupation puisque de nombreux pieux se trouvent encore dans la roselière et sous les sédiments de la terre ferme. Néanmoins, nous pouvons observer un certain nombre d'alignements correspondant à des cellules architecturales. La principale nouveauté de cette année est la découverte d'une palissade faite de petits pieux en bois blancs fichés entre le lac et le village. De par ses dimensions relativement modestes, il ne s'agit pas d'un ouvrage à caractère défensif, mais plus probablement d'un brise-lame ou d'une clôture. Un mobilier très peu abondant a, en outre, été récolté.
Lors d'une période de basses eaux, au printemps 1921, Eugène Pittard avait mandaté Auguste Winkler, géomètre de Morat, pour cartographier les pieux émergeant. La confrontation de ce plan avec celui de 2015 est saisissante car de nombreux pieux se recoupent et ce, malgré les imprécisions de mesure. La comparaison détaillée de ces documents complémentaires permettra d'évaluer l'ampleur de l'érosion, sur presque un siècle, pour cette station. Par ailleurs, l'exploration des secteurs situés plus au sud a permis de cartographier les premiers pieux septentrionaux de la station néolithique.

Prélèvements: échantillons pour dendrochronologie et dendrologie.
Datation: en cours; archéologique. Néolithique; âge du Bronze final.
SAEF, L. Kramer, R. Blumer et M. Mauvilly.