CN 1264, 2555 167/1 144785 et 2555 200/1 144 781. Altitude entre 375 et 379 m.
Date des fouilles : mai - juin et octobre 2023.
Référence bibliographique : Glaus, M./de Raemy, D. (2020) Château de La Tour-de-Peilz : fouille archéologique d'une tour maîtresse de l'an Mil. AVd. Chroniques 2019, 84-95 ; Glaus, M./de Raemy, D. (2020) La grande tour de la Tour-de-Peilz (X^{c}- XIII siècle). Reconstitution de ses fonctions résidentielles et défensives. In : H. Mouillebouche/N. Faucherre/D. Gautier (éds.) Le château de fond en comble, hiérarchisation verticale des espaces dans les châteaux médiévaux et modernes, Actes du septième colloque international au château de Bellecroix, 18-20 octobre 2019, 14-53. Chagny.
Analyse du bâti et sondages (travaux de rénovation du château). Surface analysée 1200 m², surfaces sondées 103 m².

Château (fortifications, maisons d'habitation).
En 2023, le château de La Tour-de-Peilz a fait l'objet de plusieurs interventions. Tout d'abord, la campagne d'entretien des murs du château s'est concentrée sur la courtine nord et l'extrémité adjacente de la courtine est. En parallèle, le mur de contrescarpe qui séparait l'ancien fossé d'un terre-plein occupé par d'anciennes maisons, aujourd'hui dévolu à une place de jeux, a dû être partiellement arasé et reconstruit du fait son mauvais état. Dans un second temps, le renouvellement de la place de jeux a fait l'objet de sondages préliminaires.
Le château actuel conserve une configuration triangulaire héritée du Moyen Âge (fig. 58); la forteresse s'est développée à partir du noyau primitif (entre 979 et 1017) occupant un promontoire rocheux s'avançant dans le lac, et agrandie ultérieurement en direction des terres. Les corps de logis se concentrent sur le côté sud-ouest, tandis qu'une courtine au nord et à l'est défend le château côté terre.
Au 13ᵉ s., le château, entretemps passé aux mains des Savoie, a fait l'objet d'une importante campagne de reconstruction sous Philippe I^{er}, probablement dès 1268, bien attestée dès 1288 et se poursuivant jusqu'en 1305 sous Amédée V selon les comptes de châtellenie. Lors de ces travaux, le front nord a été entièrement remanié avec l'installation de deux tours circulaires.
L'analyse archéologique de la courtine en 2023 a permis de clairement mettre en évidence cette phase. Les maçonneries sont constituées de moellons ébauchés de grès dur, vert à rouge, parfois complétées par des moellons de tuf au sommet des tours et dans les embrasures, tandis que les encadrements des baies et des archères sont en pierres de taille de molasse. L'analyse a également démontré que le tracé de la courtine nord est antérieur aux travaux entrepris sous Philippe de Savoie (avant le troisième tiers du 13ᵉ s.), par la présence d'un pan de mur en appareil de galets cependant, leur chronologie doit encore être précisée.
Les deux sondages réalisés derrière le mur de contrescarpe nord n'ont révélé que d'épais remblais au sommet de la terrasse liés probablement à l'aménagement de serres au début du 20ᵉ s. Les sondages réalisés sur cette même terrasse à l'emplacement de la place de jeux ont été plus riches en découvertes. Un jardin enclos dans un mur correspond probablement à un ancien bourg lié au château. Dans la partie septentrionale, les sources attestent en 1320 la présence d'au moins deux maisons, l'une appartenant à des changeurs, dits « caorcins » et l'autre à Jean Corsalet.
Plusieurs maçonneries passablement arasées ont été mises au jour, pour l'essentiel des bases de fondations excepté une structure montée contre terre et excavée en profondeur. Un mur principal, formant certainement une façade et parallèle au mur du jardin, est situé à environ 4.5 m de distance de ce dernier ; au sud-est, le mur s'arrête et un retour est perceptible, il devait s'agir de l'angle d'une maison. Dans cet angle, se situe également un espace excavé sur plus de 2 m de profondeur (fond non atteint), d'une surface rectangulaire de 1.1 × 1.6 m. Sa fonction reste indéterminée : cave, puits, glacière, latrines ?
Plus au nord, les restes d'un mur de refend divisaient la maison en au moins deux pièces. Cet édifice correspond à la maison sud-est représentée sur le cadastre de 1697 (ACV, Gb 347, a1 et 2, fol. 1) et qui est déjà démolie un siècle plus tard. Encore plus au nord, le mur de façade a été recoupé et un dallage recouvert d'un muret a été installé. Au-devant en direction du nord-ouest, les vestiges d'un massif maçonné en profondeur ont également été aperçus. Ce massif pourrait correspondre aux substructions d'une tour d'escalier de la maison encore debout dans le troisième quart du 18ᵉ s. (ACV, Gb 347, b, fol. 1, plan cadastral de 1767-68). Les maisons attestées dès le 14ᵉ s. ont subi diverses modifications au cours du temps; la chronologie de leur évolution reste à affiner.

Datation : archéologique ; historique. Moyen Âge ; Époque moderne.
Archéotech SA, Épalinges, M. Glaus et D. de Raemy.