CN 1205, 568 522/174 546. Altitude 696 m
Date des fouilles: 28.6.2004-3.12.2005.
Références bibliographiques: ASSPA 84, 2001, 237; 87, 2004, 387; 88, 2005, 358s.; CAF 3, 2001, 50; 6, 2004, 168-201; 7, 2005; as 26, 2003, 4, 39; 29, 2006, 1, 16-23.
Fouille de sauvetage programmée (aménagement d'un parking) Surface de la fouille env. 1500 m².
Sanctuaire (temple, bâtiments annexes, esplanades, fossés).

L'exploration du sanctuaire établi sur un terrain pentu à l'est d'Estavayer-le-Gibloux s'est poursuivie en 2005. L'aire cultuelle se rattache vraisemblablement à un établissement dont le corps d'habitation principal est situé sous l'église au centre du village. Toute la partie septentrionale du sanctuaire a été fouillée, révélant notamment un temple gallo-romain et des constructions périphériques. Des indices laissent toutefois supposer un développement du site au-delà des limites des fouilles, en direction du sud.
Repéré l'année précédente, le temple staviacois a été entièrement dégagé. Le bâtiment (fig. 24) dont l'un des axes s'aligne sur le sommet du Gibloux se dressait sur un podium carré de 10.20 m de côté. Un chemin tardif a malheureusement défoncé le niveau de circulation de la cella, de plan également carré (4.75 m), effaçant toute trace de l'aménagement intérieur. A la base des fondations, un drain coudé aménagé au moyen de galets et de tuiles courait sous le déambulatoire et rejetait les eaux de ruissellement hors de la construction. La présence au débouché de ce canal d'évacuation de nombreux récipients en céramique, notamment des cruches, semble indiquer que les fidèles prêtaient une valeur particulière à cette résurgence.
Sous le podium subsistaient les restes d'un premier temple édifié sur une plateforme quadrangulaire (environ 6 x 6 m) constituée d'un radier de pierres. L'entrée de cette construction à l'orientation légèrement divergente s'ouvrait vers l'est.
Deux esplanades avaient été aménagées à l'est et au sud de l'édifice religieux. La première était centrée sur une grande dalle de molasse, support probable d'un autel, élément indissociable du sacrifice aux divinités, alors que la seconde, dégagée partiellement, s'organisait visiblement autour d'un foyer constitué de tuiles retournées.
Au-dessous du temple, à quelques mètres seulement, s'élevait un bâtiment annexe. La construction (env. 14 x 12 m) abritait une grande salle flanquée de deux petits locaux latéraux, le plus grand doté d'un foyer servant manifestement de cuisine, l'autre utilisé probablement comme dépôt. Au nord, un portique permettait de suivre les cérémonies religieuses se déroulant devant le temple. La construction avait été précédée par un premier bâtiment (env. 11 x 9 m) comportant également une salle entourée, à l'est et au sud, par des portiques qui ont été séparés à un moment donné par une cloison en bois. Tout laisse supposer que ces bâtiments servaient de lieux de réunion lors des manifestations religieuses. L'aire cultuelle était parcourue de fossés qui drainaient le site fortement exposé au ruissellement des eaux de surface. L'un des fossés, qui longeait le temple et le bâtiment annexe, a livré en particulier une petite hachette votive en bronze. Il était peut-être alimenté par l'eau d'une source qui semble avoir fixé les populations protohistoriques sur le replat dominant le sanctuaire, comme semble l'indiquer la découverte de nombreux tessons de céramique de l'Âge du Bronze.

Le site n'a malheureusement révélé aucun élément statuaire ou épigraphique. En revanche, il a livré de nombreux tessons de céramique et de verre, des monnaies (environ 150), des clochettes, des clés, quelques perles en pâte de verre, divers éléments métalliques, matériel attestant une fréquentation du site du 1er au 4ᵉ s. apr. J.C. Parmi les découvertes tardives, signalons une reille et un coutre en fer se rattachant à un instrument aratoire de type chambige.
Faune: ossements épars.
Prélèvements: charbon de bois.
Datation: archéologique. 1er-4ᵉ s. apr. J.-C.
SAEF, P.-A. Vauthey.