CN 1184, 2555027 / 1188741. Altitude 457 m.
Date des fouilles : septembre-octobre 2015.
Références bibliographiques : G. Bourgarel/D. de Raemy, La tourporte des Dominicaines à Estavayer-le-Lac : un heureux accident! CAF 16, 2014, 76-97.
Suivi de chantier (introduction du réseau de gaz naturel). Surface de la fouille 35 m².
Infrastructure.

La place de la Chaussée à Estavayer-le-Lac correspond au fossé qui longeait le front est de l'enceinte du quartier de Chavannes dont la construction a débuté vers 1280 par la porte des Dominicaines. L'analyse de la tour des Dominicaines qui flanque la porte avait montré que la base de son mur nord appartenait à une phase plus ancienne que l'ensemble de l'ouvrage réalisé entre 1443 et 1472. Il restait à savoir si cette première étape appartenait bien à la mise en chantier de la tour ou à celle du réservoir entamée 20 ans plus tôt.
La tranchée réalisée pour la pose d'une conduite de gaz apporte la réponse. La base du mur nord de la tour est clairement liée à l'aménagement du réservoir sur la place de la Chaussée en 1423. En effet, le mur coupé par la tranchée se situe exactement dans le prolongement du mur nord de la tour et présente le même appareil régulier de carreaux de grès, alors que le reste des parements de la tour offre un aspect hétérogène. La base de ce mur d'environ 3 m d'épaisseur n'a pas été atteinte et comme son retour sur le bord est du réservoir se situait exactement dans l'axe de la tranchée, seule son empreinte a pu être observée sur les parois de l'excavation. L'angle sud-est des parois du réservoir se dessinait clairement dans le sédiment marneux du comblement et il était nettement taluté, l'épaisseur du mur étant encore plus importante à la base. Le mur occidental a été repéré sur 16 m de longueur, mais au nord, son tracé bifurquait légèrement vers l'ouest par rapport au tracé de la tranchée et le parement de grès n'était pas conservé. À l'ouest, la trace et l'emplacement du mur du réservoir sont encore clairement lisibles à la base du mur nord de la tour et permettent de restituer la largeur du réservoir, 12 m. L'espace de 4 m entre le mur oriental du réservoir et l'enceinte formait une lice, ou chaussée selon la terminologie médiévale. Reporté sur le plan cadastral de 1745-1746, ce réservoir atteignait une longueur de près de 100 m, soit une capacité de 2300 à 3000 m³ pour autant que son fond ait été plat, ce qui reste à vérifier car le mur de soutènement amont aurait alors atteint une hauteur supérieure à 7 m. Il est aussi possible que le fond du bassin ait suivi la pente naturelle du terrain, soit une dénivellation de 5 m sur la longueur de la place de la Chaussée. Dans ce cas, seule la partie aval du réservoir aurait été remplie en permanence et non toute la surface, mais la profondeur des tranchées n'a pas permis de vérifier ce point.
Le réservoir a été raccourci une première fois d'une dizaine de mètres en aval en 1780 avec la construction d'un nouveau mur de rétention implanté obliquement. Ce nouveau mur a été dressé avec de grands blocs de grès et son étanchéité a été assurée par un remblai marneux et compact entre l'ancien et le nouveau mur. Une nouvelle conduite implantée au nord de la tour et traversant l'enceinte permettait d'alimenter la ville en eau pour le nettoyage des chaussée et aussi en cas d'incendie, la conduite précédente passant par la porte des Dominicaines.
En 1879, la partie amont a été raccourcie et le nouveau mur a pu être situé précisément, car il a été coupé par le creusement d'une chambre d'égout. La base de ce mur, dressé en boulets liés par un mortier fin, n'a pas été atteinte (profondeur de la tranchée : 2 m). Enfin, le réservoir a été comblé en 1906; ce remblai constitue une belle réserve archéologique car il contient beaucoup de céramique, de verre et autres déchets.

Datation : archéologique ; historique.
SAEF, G. Bourgarel ; SBC, D. de Raemy.