CN 1164, 2552 113/1 196 415. Altitude 427.5 m.
Date des fouilles subaquatiques : mars 2023.
Références bibliographiques : Arnold, B. (2009) À la poursuite des villages lacustres neuchâtelois : un siècle et demi de cartographie et de recherche. Office et musée cantonal d'archéologie de Neuchâtel, Archéologie neuchâteloise 45, 64-75. Hauterive.
Surface fouillée 36 m².
Habitat, station littorale.

La section Archéologie de l'office du patrimoine et de l'archéologie du Canton de Neuchâtel (OPAN) a réalisé au mois de mars 2023 des investigations archéologiques sur la station néolithique de Treytel, située à l'extrémité occidentale de la baie de Bevaix sur la rive nord du lac de Neuchâtel. Dans la continuité des opérations subaquatiques entreprises entre 2019 et 2022, cette campagne s'est déroulée en partenariat étroit avec le Service archéologique de l'Etat de Fribourg (SAEF) et la Fondation Octopus : ceci avec la conviction partagée de la nécessité de mettre en réseau et de mutualiser les compétences et les savoir-faire - techniques, technologiques et scientifiques - en matière de sauvegarde du patrimoine immergé régional.
Cette vaste station - explorée partiellement à plusieurs reprises entre 1857 et 1921 - a été fouillée par Franck Rousselot en 1867, puis par les frères Borel et surtout par J. Maeder entre 1885 et 1920. Des sondages ont encore été réalisés en 1921 par P. Vouga. Ces interventions se sont toujours concentrées dans la forêt riveraine actuelle. La partie immergée du site n'avait jamais bénéficié de recherches avant celles conduites par l'OPAN en 2023. D'après les plans de Borel en 1886, la station se développe sur une longueur de 300 m et une largeur de 100 m. Ce site lacustre a livré un abondant corpus d'objets archéologiques, dont l'examen avait permis de le rattacher à quatre phases culturelles distinctes et à fortiori à au moins autant de villages, successivement établis dans cette zone de la baie de Bevaix, entre la première moitié du 4e millénaire et le milieu du 3e millénaire avant notre ère.
Comme nombre de sites archéologiques immergés dans le lac de Neuchâtel, celui de Treytel est exposé aux phénomènes d'érosion lacustre comme en atteste l'apparition progressive de vestiges, en dépit de la présence d'une couverture naturelle de sables et de galets. Les recherches subaquatiques se sont concentrées sur la partie immergée la plus au large, datée par la dendrochronologie dans les années 1990, de l'Auvernier cordé (2609-2479 av. J.-C.). Cette opération avait un double objectif : allier protection patrimoniale et acquisition de nouvelles connaissances scientifiques. Durant deux semaines, archéologues et plongeurs se sont concentrés sur l'ouverture et la documentation de deux fenêtres couvrant une surface totale de 36 m². Ainsi, il s'agissait d'évaluer l'état de conservation de ce gisement et de définir les mesures à mettre en œuvre afin d'en assurer l'intégrité. La fouille a permis de découvrir des éléments rarement conservés sur les stations lacustres, comme des poutres horizontales qui forment les angles de structure disposée à même le sol ou des restes de planchers en bois. Le mobilier archéologique était abondant et la découverte au sommet de la couche archéologique d'une hache entière (manche en bois et lame en pierre polie) témoigne également de la bonne préservation de ce site néolithique. Une fois la documentation scientifique terminée, le site ainsi que les vestiges conservés in situ ont été à nouveau recouverts d'une couche protectrice de galets afin de garantir leur conservation à long terme. De nouvelles dates dendrochronologiques ont été effectuées lors de cette opération qui s'échelonnent entre 2597 et 2549 av. J.-C. pour la datation des structures les plus au large du site de Treytel.

Prélèvements : bois couchés pour analyses dendrochronologique et mobilier céramique, lithique et osseux.
OPAN-section Archéologie, F. Langenegger; SAEF, L. Kramer; Fondation Octopus, J. Pffyffer.