CN 1205, 2575 517/1179249. Altitude 575 m.
Dates des fouilles : janvier-février 2019.
Références bibliographiques : C. Waeber, Hauterive, la construction d'une abbaye cistercienne au Moyen Age. Fribourg 1976; I. Andrey, H. Schöpfer, C. Waeber, L'abbaye cistercienne d'Hauterive, Patrimoine fribourgeois 11. Fribourg 1999; F. Guex, M.-G. Lepori, J.-L. Baeriswyl, Le cloître de l'abbaye d'Hauterive, Patrimoine fribourgeois 17. Fribourg 2007; C. Waeber, L'abbaye cistercienne d'Hauterive, Guides de monuments suisses, Société d'histoire de l'art en Suisse (SHAS). Berne 2009.
Analyse du bâti (assainissement des murs et plafonds des ailes est et sud et construction d'un ascenseur).
Surface de la fouille env. 68 m².

Une analyse du bâti a été effectuée dans les ailes est et sud de l'abbaye d'Hauterive partiellement décrépies lors de travaux d'assainissement. Cette intervention a permis de préciser la distribution des espaces au fil des siècles (fig. 58).
Plusieurs éléments de la période romane (vers 1150-1160) ont été mis au jour dans l'aile est. Trois portes, dont deux à voûte en plein cintre et une à arc légèrement segmentaire, destinée peut-être à l'aménagement d'un tympan, ont été révélées entre la salle capitulaire (1) et la pièce sud (4). Constituées de blocs de molasse taillés à la laye brettelée, deux d'entre elles avaient été analysées antérieurement mais la découverte d'une troisième ouverture exige de revoir le plan supposé. Au sud de la salle du chapitre (1), la première porte se situe dans l'axe de l'escalier menant au dortoir des moines, tandis que la deuxième donne sur le jardin. La troisième porte desservait peut-être la salle des moines (4). Une tripartition correspond au plan-type bernardin des abbayes les plus connues en France et en Italie, mais des variations dans la succession de ces pièces sont souvent possibles et donc pas exclues pour l'ancienne configuration à Hauterive.
Une portion de mur et le départ d'une ouverture semblent aussi dater de cette période. La localisation du montant est située actuellement entre la porte d'accès au réfectoire des moines (5) et la porte donnant sur le couloir sud depuis l'aile est. Son emplacement prend en revanche tout son sens si on considère qu'à cette période, la galerie sud du cloître était désaxée. L'ouverture (en blanc) permettait de rejoindre la galerie sud (6) depuis la salle des moines (4) ou une salle d'une autre fonction.
À la période gothique, la galerie sud est déplacée plus au nord, formant un cloître rectangulaire. Les espaces sont redéfinis en tenant compte du nouveau plan de distribution. Le mur sud de la galerie (6) est doté d'au moins une fenêtre et une porte centrale donnant accès à l'aile sud (en gris) et de deux portes à chaque angle desservant les galeries (en gris).
Dans l'aile est, deux des trois portes décrites plus haut sont condamnées. La salle capitulaire (1) est desservie par une porte gothique en tiers point, à retombées verticales et congés obliques. À l'intérieur de la pièce, le parement était couvert d'un badigeon blanc crème sur lequel était peint un décor de faux appareil rouge. Un niveau argileux induré, probablement l'ancien niveau de circulation gothique, a été découvert au-dessus du ressaut de fondation du mur. On entrait dans la salle de plain-pied aux périodes romane et gothique. Dans la salle des moines (4), deux blocs de molasse forment l'amorce d'une ouverture (gris hachuré) qui pourrait remonter à la période gothique et rejoindre le réfectoire. L'absence de tout lien et l'aspect fragmentaire de la structure incitent à rester prudent sur son interprétation. À proximité de ce montant, une nouvelle ouverture (gris foncé) est aménagée avec un encadrement rectangulaire chanfreiné et ciselé, dont la taille permet de l'attribuer au 16° siècle. La surface des pierres conserve des couches d'enduits successifs d'un ton vert d'eau, gris, et d'un fond bordeaux rehaussé de noir. Ces décors confirment qu'il s'agit d'un accès entre pièces intérieures, peut-être la transformation du passage amenant au réfectoire depuis la salle des moines. À cette période, une nouvelle porte semble aussi être aménagée entre l'aile sud (6) et la salle des moines (4) et utilisée jusqu'au milieu du 18ᵉ siècle au moins.

Mobilier archéologique : tuiles.
Datation : historique; archéologique.
SAEF, A.-L. Pradervand.