CN 1184, 2553150 / 1188230. Altitude 427 m.
Dates des fouilles : novembre 2017.
Références bibliographiques : Ch. Pugin/P. Corboud/A.-C. Castella, Inventaire et étude des stations littorales de la rive fribourgeoise du lac de Neuchâtel. Rapport non publié du Groupe de recherche en archéologie préhistorique (GRAP), Département d'anthropologie et d'écologie de l'Université de Genève, 1998.
Intervention subaquatique (programme de recensement et relevé des stations lacustres). Surface explorée 5600 m².
Habitat.

Connue dès la deuxième moitié du 19ème siècle, la station de Font-Trabiétaz 2 apparaît sur les plans cadastraux de la commune de Font en 1919. En 1922, profitant du bas niveau des eaux, le Département des Ponts et Chaussées en faisait un relevé, pieu par pieu. Le GRAP effectua ensuite entre 1995 et 1998 une série de carottages au sein et autour de la station ainsi qu'une première recherche subaquatique qui permit de délimiter l'emprise du champ de pieux. Finalement, une prospection aérienne menée en 2015 sur le site atteste la présence d'un agencement régulier de pilotis en place.
En 2017, une nouvelle intervention de trois semaines s'est déroulée sur le site afin de topographier les pieux encore conservés. Cette campagne offre ainsi la possibilité de comparer le relevé obtenu avec les anciennes observations (1922 et 1995-1998) et de tirer un bilan de l'évolution de l'érosion affectant la station. La surface explorée par les plongeurs a permis de mettre au jour un champ de pieux couvrant environ 3500 m². La station, orientée selon un axe nord-est/sud-ouest, s'organise dans un rectangle de 100 m de long pour 45 m de large. La distribution des pieux apparaît comme étant très inégale, avec une densité marquée du côté nord-ouest et plus faible en direction de la rive.
Au total, 283 bois ont été cartographiés, marqués et sommairement décrits. Les pilotis sont majoritairement en chêne et seuls 11 d'entre eux sont en bois blanc. Ces derniers se trouvent uniquement au sud du champ de pieux, du côté de la rive. Ils peuvent être interprétés comme des aménagements annexes qui n'entrent pas dans le cadre de la construction des habitations. Concernant les éléments en chêne, la hauteur moyenne conservée est de plus de 0.5 m, avec un maximum atteignant les 1.3 m, et un diamètre oscillant autour des 17 cm. Ils sont en général issus de troncs refendus et régularisés. L'organisation générale de la station montre un agencement structuré en lignes parallèles et perpendiculaires correspondant à l'implantation de plusieurs bâtiments. Les pieux sont disposés de manière régulière les uns par rapport aux autres (tous les 2-2.5 m) avec de très rares cas de dédoublement.
Un cinquième des bois a été prélevé dans le but d'une analyse dendrochronologique. Aucune datation absolue pour le site n'est actuellement connue. L'attribution de cette station au Bronze final se base sur les découvertes anciennes et se trouve confirmée par la mise au jour, dans l'auréole des pieux, de quelques tessons de céramique typologiquement rattachables à cette période. Aucune couche archéologique en place n'a été observée et seules quelques meules ont été repérées et prélevées.
La comparaison avec le plan de 1922 montre de nombreuses similitudes. Une grande part des pieux qui y sont mentionnés ont été retrouvés lors de l'intervention de 2017, notamment ceux situés dans la zone nord-ouest. La plupart des pieux qui n'ont pas été redécouverts sont probablement encore recouverts d'une couche importante de sédiment; dans de rares cas, ils sont, au contraire, complètement érodés. Selon les endroits, une reprise de la sédimentation a même été constatée.
En définitive, cette campagne a permis, d'une part, d'affiner nos connaissances concernant cette station palafittique en complétant le plan du champ de pieux et, d'autre part, a offert la possibilité d'acquérir des données sur l'évolution de l'érosion des vestiges sur une durée d'un siècle.

Mobilier archéologique : céramique, mouture.
Prélèvements : pieux.
Datation : archéologique. - dendrochronologique. Bronze final.
SAEF, L. Kramer, R. Blumer et M. Mauvilly.