CN 1281, 506556/124 190. Altitude 431m.
Date des fouilles: 18.11.2011-27.7.2012
Références bibliographiques: B. Reber, Recherches archéologique dans le territoire de l'ancien évêché de Genève. Mémoires et Documents de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève 23: 294-297. Genève 1892; D. Paunier, La céramique gallo-romaine de Genève. Mémoires et Documents de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève 9: 130-132. Genève 1981; J. Terrier, Découvertes archéologiques dans le canton de Genève en 2008 et 2009. Genava n.s. 58, 2010: 169-171; AAS 93, 2010: 271; 94, 2011: 249.
Fouille programmée (travaux de restauration et installation de chauffage). Surface de la fouille: 130 m². Habitat. Églises. Tombes.

La parcelle en pré à proximité de l'édifice, fouillée en deux campagnes successives en 2009 et 2010, avait confirmé la présence d'une villa gallo-romaine, connue par des découvertes fortuites dès le 19ᵉ siècle, et mis en évidence une continuité d'occupation durant le Moyen Âge. Sous l'église, un ensemble mégalithique constitué de six blocs erratiques a été découvert, dont le plus imposant par sa taille est doté de nombreuses cupules et d'un décor gravé.
Les vestiges gallo-romains mis au jour sont conservés sous forme de structures en creux: fonds de tranchées de fondation ou de récupération de murs et trous de poteaux, ainsi qu'une canalisation d'évacuation d'eau. Deux segments de tranchées d'une dizaine de mètres de longueur se rejoignent à angle droit alors que trois départs de tranchées perpendiculaires suggèrent l'existence de murs de refend. Ces structures pourraient appartenir à un secteur d'habitation de la villa.
Les tranchées s'organisent selon une orientation similaire au mur de clôture dégagé plus au nord (campagnes 2009/10) alors que les trous de poteaux, pour autant qu'on puisse en juger, semblent fonctionner plutôt selon un axe qui sera celui des églises successives.
Tous ces vestiges sont recoupés par de nouvelles tranchées dans le fond desquelles se trouve un radier de fondation fait d'une seule épaisseur de pierres. Elles définissent un petit bâtiment presque quadrangulaire de 4.60 m sur environ 5.20 m, dans l'œuvre. Sa façade occidentale conserve l'axe des vestiges romains alors que les trois autres adoptent l'orientation des futures églises. Dans les tranchées, l'unique assise de radier est recouverte d'une couche de terre qui contient de la céramique à revêtement argileux typique du 4ᵉ s. apr. J.-C. et qui est elle-même scellée par une maçonnerie reprenant exactement le même plan, y compris le désaxement de la façade ouest.
En l'état de nos connaissances, la fonction de ce bâtiment du Bas-Empire, qui semble marquer une étape de transition entre la villa gallo-romaine et la première église, reste hypothétique. Des datations au radiocarbone pourront préciser son lien éventuel avec les sépultures les plus anciennes.
Le mur sud de ce bâtiment maçonné est par la suite prolongé vers l'est d'environ 2 m avant de marquer un épaulement peu profond vers le nord. Avec cette amorce de chœur qui précise la fonction, on peut dès lors parler d'église. Cette dernière abrite des tombes en coffres de dalles de molasse, datées typologiquement entre la fin du 6ᵉ et le début du 9ᵉ siècle. Il est toutefois possible que le bâtiment quadrangulaire antérieur en ait déjà abrité, comme le suggèrent trois grandes fosses d'inhumation vraisemblablement plus anciennes.
À l'époque gothique, un profond chœur rectangulaire voûté remplace le précédent. Il abrite, cas peu fréquent, un espace inférieur aménagé dans la pente du terrain, doté dès l'origine d'une porte et de deux petites fenêtres ébrasées dont les linteaux conservés ont fourni une datation dendrochronologique vers 1243. La nef sera reconstruite presque intégralement par la suite avec une façade sud élargie de 2 m et des façades ouest et nord entièrement reprises. On assiste ensuite à l'adjonction d'un clocher, d'une sacristie au sud et enfin d'un presbytère au nord. L'église actuelle, avec son chœur circulaire plus ample, date de 1827.

Mobilier archéologique: céramiques, monnaies, objets métalliques. Matériel anthropologique: environ 125 tombes. Prélèvements: C14, dendrochronologie (réf. LRD10/R6316). Datation: archéologique. Époque romaine; Moyen Âge. Dendrochronologique: vers 1243. SCA GE, I. Plan et M. Berti.