CN 1285, 2578622/1183217. Altitude 547 m.
Date des fouilles : février à octobre 2015.
Références bibliographiques : M. Strub, La ville de Fribourg : les monuments religieux I. MAH 36, canton de Fribourg II, 316-396 Bâle 1956; B. Dubuis, Abbaye de Notre-Dame de la Maigrauge. AF, ChA 1984 (1987), 175-193; 1996 (1997), 29-30; CAF 1, 1999, 61; G. Bourgarel, La Maigrauge, un couvent de cisterciennes revisité par les archéologues. CAF 2, 2000, 2-17; ASSPA 86, 2003, 262; CAF 5, 2003, 229; ASSPA 87, 2004, 411; CAF 6 2004, 221-222; G. Bourgarel, L'ancien logis abbatial de la Maigrauge, un précieux témoin des origines du monastère. CAF 7 2005, 164-179; G. Bourgarel/R. Tettamanti, Une nouvelle pierre à la connaissance de l'abbaye de la Maigrauge. CAF 16, 2014, 114-116; AAS 97, 2014, 277-278.
Analyse architecturale et fouille (restauration de la façade est de l'aile orientale et du vestibule). Surface de la fouille 775 m².
Abbaye.

Depuis 1982, les six étapes de restauration ont concerné successivement l'église, le réfectoire, l'aumônerie, l'ancien logis abbatial, les façades sud de l'abbaye et l'aumônerie et la façade est de l'aile orientale. Cette dernière étape touchait également le drain au chevet de l'église et le long de la partie est de la clôture septentrionale.
Les investigations de 2015 ont permis d'établir la chronologie entre la clôture primitive (1255-1261), l'église, l'aile orientale et l'aile méridionale sans pour autant livrer d'éléments de datation absolue. Il était déjà clair que l'église s'appuyait sur la clôture. Il en va de même de l'aile orientale, dont on sait maintenant qu'elle prend appui sur les parties est de l'église, les premières construites; son tiers sud bute contre ses deux-tiers nord, construits d'un seul jet à partir des années 1260 probablement.
Dotée d'un étage sur rez-de-chaussée dès sa construction, l'aile orientale possède encore sur sa façade est les vestiges de vingt-deux fenêtres d'origine, dont dix au rez-de-chaussée. Ces ouvertures étroites à encadrement de molasse largement chanfreiné sont réparties en fonction des pièces qu'elles éclairaient au rez-de-chaussée soit, du nord au sud, la sacristie et l'armarium, la salle du chapitre et une salle d'étude; à l'étage, ces fenêtres étaient réparties régulièrement, avec 2.01 m d'entre-axes, et elles éclairaient le dortoir. Au sud, la façade est moins bien conservée; il ne subsiste que les traces de la porte d'accès au vestibule ainsi que l'accès à la cave créée dès l'origine sous cette partie ainsi que sous une partie de l'aile méridionale et à laquelle on accède par un couloir voûté de 4 m de longueur. Cette particularité révèle que la cave ne couvrait que la moitié de la largeur de la partie sud de l'aile orientale.
À l'intérieur de l'aile orientale, la fouille de l'actuel vestibule a mis au jour les vestiges d'un sol de mortier dessinant un damier avec des cases blanches et rouges de 40 cm de côtés, composées de carrés de mortier naturel et de carrés de mortier au tuileau. Ce sol, qui a été mis en œuvre au moment de la construction et qui reproduit le damier des armes de Saint Bernard de Clairvaux, est un cas unique à cette époque en Suisse; il appartenait à la salle d'étude.
Avant l'incendie de 1660, des transformations mineures ont affecté l'aile orientale, notamment la salle d'étude qui a été subdivisée en deux après que les tablettes et les linteaux de ses fenêtres aient été relevés d'une quarantaine de centimètres. Les fenêtres de l'étage ont été légèrement élargies en retaillant les encadrements. L'incendie a bien touché l'aile orientale : si la salle du chapitre et probablement la sacristie et l'armarium ont été épargnés, ce n'est pas le cas de la salle d'étude qui a été endommagée, la cloison ayant brûlé jusqu'à sa base. Sa reconstruction a été achevée en 1662 et elle n'a quasiment pas subi de changement depuis.
Enfin, les observations menées sur le chevet de l'église ont montré que ce dernier s'était affaissé d'une dizaine de centimètres au sud lors de sa construction. Ce défaut a été corrigé lors de la construction du pignon et de la voûte en berceau brisé du chœur, tous deux légèrement décalés vers le nord. Il trahit le comblement préalable d'une dépression et met en évidence les travaux de nivellement qui ont dû précéder la construction de l'abbaye.

Datation : archéologique ; dendrochronologique ; historique.
SAEF, G. Bourgarel.