CN 1183, 546 400 / 183 500. Altitude 435 m.
Date des fouilles: avril-août 1999.
Références bibliographiques: ASSPA 75, 1992, 230s.; 76, 1993, 223; 77, 1994, 143-147; 81, 1998, 311; 82, 1999, 301.
Fouille d'urgence programmée (génie civil). Surface env. 2000 m². Villa.

Les fouilles de l'année 1999 sur le site de la villa gallo-romaine d'Yvonand-Mordagne ont été menées conjointement par l'Association pour la promotion du site romain d'Yvonand-Mordagne (APYM) et par la section des Monuments historiques du canton de Vaud (MHAVD).
Les investigations ont permis de reconnaître l'angle nord-est de la pars urbana de la villa gallo-romaine (fig. 35). Les vestiges étaient parfaitement conservés sous une vingtaine de cm de démolition romaine. Seule une petite partie de sa façade septentrionale a été détruite par l'implantation de fosses. Les sols de terrazzo sont partout conservés; les murs, en petit appareil et profondément fondés, conservent une élévation moyenne de 20 à 40 cm et la plupart des enduits muraux sont encore en place. De nouveaux éléments architecturaux sculptés et un gisement de peintures murales ont pu être prélevés.
Outre l'existence d'un édifice antérieur, datable du milieu du 1ᵉʳ s. ap.J.-C., il a été possible de mettre en évidence quatre périodes distinctes, caractérisées par des réaménagements d'importance de la façade orientale de l'édifice principal, de sa construction, vers 110-120 ap.J.-C., à sa réoccupation partielle au 4ᵉ s.
L'aménagement primitif est caractérisé par la présence de contreforts soutenant l'angle nord-oriental de la demeure et par des locaux en saillie dans le prolongement des portiques nord et sud. Les murs ont été montés à vue sur près de 150 cm à partir des argiles naturelles, sur une fondation en tranchée. Pour ce faire, le terrain a été excavé sur toute la surface du corps central de l'édifice. Par la suite, un nouveau remblai de sable a été posé, dont la provenance n'est pas établie.
Une deuxième période voit la construction de bâtiments accolés soigneusement à la façade orientale de l'édifice principal. Ils sont constitués de petites pièces, toutes pourvues d'un foyer ou d'un four et dont les parois sont en colombage sur solin maçonné, recouvertes de peintures murales. Toutes les pièces ont reçus des sols de terrazzo.
La troisième période signe l'abandon de ces annexes. Au nord, leur remplacement par une sorte de contrefort en T semble soutenir l'angle oriental du bâtiment. L'absence de sols construits dans les deux pièces ainsi crée laisse penser à un abandon pur et simple de l'utilisation de ces locaux. Par contre, entre les deux pièces primitives en saillie, de nouveaux espaces sont aménagés, dont un local pourvu de trois banquettes et ouvrant sur le portique, évoquant un triclinium.
Enfin, au 4ᵉ s., l'ensemble de l'aile est encore occupé, comme l'attestent certains aménagements ponctuels ainsi que la découverte de mobilier caractéristique (céramique à revêtement de type Lamboglia 1.3, fibule cruciforme).

Investigations et documentation: Yves Dubois (APYM), C.-A. Paratte, K. Weber (MHAVD).
Mobilier archéologique: architecture, peinture murale (en place et gisement), céramique, tesselles, fibules, monnaies.
MHAVD, C.-A. Paratte.