CN 1301, 2502 500/1 118 111. Altitude 418 m.
Date des fouilles : 21.2.-12.5.2023
Date de la découverte : 2023.
Références bibliographiques : Blondel, L. (1923) Chronique des découvertes archéologiques dans le canton de Genève en 1922. Genava 1, 80-82.
Sondages et fouille préventive (construction de deux villas et d'un parking souterrain).
Surface des sondages env. 310 m², et de la fouille env. 213 m².

Voie antique. Fosses.

Le plateau de Frontenex à Cologny bénéficie d'une vue et d'une position privilégiées sur une terrasse dominant la rive gauche du lac Léman. La parcelle sur laquelle le service archéologique est intervenu est un terrain privé d'un peu plus de 3600 m², qui appartenait anciennement au grand domaine de la famille Saladinvan Berchem, dont les bâtiments sont actuellement recensés au patrimoine historique. Le terrain est connu et classé sur la carte archéologique de Genève, suite à la découverte au début du siècle par l'archéologue cantonal Louis Blondel d'un tronçon de voie antique.
En prévision de la construction de deux villas et d'un parking souterrain, une série de sondages a été menée au printemps, suivie d'une campagne de fouille dans la partie sud-ouest du terrain, dans un secteur révélé positif. Trois périodes d'utilisation du sol ont pu être définies dans la séquence stratigraphique.
Une occupation à l'âge du Fer (la Tène D) est attestée par la présence de plus de 300 fragments de céramiques, des fragments de métal et une monnaie, concentrés dans un secteur de fouille sur une faible surface. Toutefois, l'absence de traces de structures et d'un niveau de sol en place suggère qu'on se trouve face à un niveau remanié, sis ou à proximité d'un habitat.
La période antique est marquée par l'aménagement d'une voie de circulation (fig. 30), directement installée sur la moraine fluvio-glaciaire, ainsi que sur le niveau protohistorique qu'elle a en grande partie entamé. L'impressionnant radier de fondation de cette route, atteignant plus d'un mètre d'épaisseur, est constitué de litages compactés de sables fins et de petits graviers puisés dans la moraine. Le niveau de circulation, parfaitement conservé dans sa partie centrale, est formé d'un radier de petits galets triés de 3 à 6 cm de diamètre (du type «via glarea strata»), liés par un mortier très induré. La largeur restituée de cette voie est d'environ 7 m et nous avons pu suivre son tracé sur près de 60 m le long de la parcelle. La présence de deux axes de circulation est attestée par des ornières creusées sur la surface du radier, et très bien conservées. Toutefois, la largeur d'essieu mesurant 1.15 m est sensiblement inférieure au module d'écartement des véhicules romains standards (communément mesuré à 1.45 m). L'étude en cours nous permettra sans doute prochainement d'apporter plus de précisions sur ces traces. L'axe de circulation, orienté est-ouest, correspond à celui que Louis Blondel avait présumé pour relier Genève aux régions du Chablais et du Valais, en suivant une courbe parallèle à la rive gauche du lac. Cette voie a sans doute été empruntée jusqu'au Moyen Âge, puis son axe est rectifié en amont, pour correspondre à la route actuelle. De ce fait ce segment a ainsi pu être préservé sur cette parcelle, et les siècles suivants ont apporté une faible couche de limons et de terre végétale qui recouvraient la structure sur à peine 30 cm d'épaisseur.
La période moderne (17ᵉ-18ᵉ s.) a livré peu de vestiges matériels hormis des fragments de poteries, de verre, et quelques éléments métalliques. Ces vestiges sont à mettre en relation avec le domaine bourgeois, racheté et transformé entre le début du 17ᵉ s. et le 18ᵉ s. La maison de maître est jouxtée de bâtiments d'exploitation, et une partie de la propriété est allouée à la culture de la vigne, de vergers, ainsi que de jardins d'agréments et potagers. Deux fosses ont été mises au jour lors des sondages dans la partie ouest du site. Elles contenaient chacune un squelette entier de vache, et dans l'une d'elle, en plus, un squelette de foetus ou de jeune veau. L'insertion stratigraphique et le mobilier recueilli (céramiques jaspées et faïence), nous permettent de dater ces fosses au 18ᵉ s. L'analyse archéozoologique est en cours, et nous permettra de mieux comprendre le mode d'enfouissement, d'observer d'éventuelles traces de pathologies, ou de déterminer l'utilisation de ces animaux. L'observation des premiers ossements permet déjà de confirmer un âge avancé pour les deux vaches, et d'entrevoir des pratiques de récupération de matières premières : écornage et récupération du cuir par exemple.

Mobilier archéologique : céramiques, monnaies, objets métalliques, verre.
Faune : squelettes entiers de bovidés
Prélèvements : charbon.
Datations : Âge du Fer; Époque romaine; Époque moderne.
SAGe, Isabelle André.