CN 1203, 2539 000/1 180 980. Altitude moyenne 435.5 m.
Dates des fouilles: 10.-11.5., 4.-27.7., 14.-15.9.2022.
Site nouveau.
Fouille de sauvetage programmée (construction nouvelle). Surface de la fouille 485 m².

Ornières. Fosses. Fossé drainant. Trou de poteau. Canalisation.
Dans le cadre d'un projet immobilier, des fouilles archéologiques se sont déroulées à la rue Pestalozzi 4 à Yverdon-les-Bains sur une surface de 485 m². Le secteur investigué est situé au pied du flanc nord du cordon littoral III. Il est sujet à de fréquentes remontées des eaux du lac de Neuchâtel jusqu'à la fin du haut Moyen Âge. Cinq phases d'occupation ont été mises en évidence.
La première phase d'occupation est matérialisée par un trou de poteau, deux fosses et surtout 25 ornières de roues de char datées d'entre la seconde moitié du 2ᵉ s. et du 3ᵉ s. ap. J.-C. Vingt d'entre elles sont orientées du nord-est en direction du sud-ouest. Elles se répartissent sur une largeur 14 m, une longueur maximale de 18 m et s'étendent hors de la zone investiguée dans les parcelles adjacentes. Cinq autres, orientées du sud-est vers le nord-ouest, les recoupent. Elles s'inscrivent dans des limons argileux comprenant des niveaux plus ou moins sableux. De par sa nature, ce sédiment produit localement l'effet «sables mouvants». Certaines ornières mesurent jusqu'à 30 cm de profondeur et sont inclinées à 45° (fig. 53). Ces traces évocatrices matérialisent les efforts effectués pour extraire les véhicules de ces pièges. Un module d'écartement des roues mesurant environ 1.45 m a été identifié (fig. 54). Cette largeur des essieux maintes fois attestée dans le monde romain (Nîmes, Bézier etc.) correspond à celle mesurée sur le decumanus nord à Lausanne-Vidy datée de la fin du 1ᵉʳ s. au 3ᵉ s. ap. J.-C. (Guichon, R./Dorthe, A. [2022] Lausanne-Vidy. Route de Chavannes 15a. Int. 12142 / Aff. 642. Rapport d'opération archéologique 8 avril 2019-10 janvier 2020, 80 fig. 68; 69). Treize passages durant un court laps de temps, avec une largeur d'essieu identique, ont été identifiés sans toutefois pouvoir déterminer leur sens de circulation. Peu après ces événements, mais avant l'assèchement du terrain encaissant qui se serait alors fissuré, le secteur a été inondé lors d'une crue lacustre ou fluviatile douce sans déformation des ornières. Cette inondation a entrainé leur comblement par un sédiment boueux et mal trié de granulométrie très hétérogène qui les a protégées. L'absence d'empreinte d'animaux de traits pourrait indiquer que les véhicules étaient halés depuis des zones plus stables.
La deuxième phase est matérialisée par deux bras de rivière qui divaguent en direction de l'est et de l'ouest durant la toute fin du 4ᵉ et 5ᵉ s. Leur assèchement progressif s'accompagne de la formation de tourbe et de leur transformation en dépotoir qui ont livré un abondant mobilier osseux, céramique et dans une moindre mesure en verre.
À la fin du 5ᵉ s. et peut-être l'époque mérovingienne, deux fosses, une conduite en bois ST7 datée par dendrochronologie d'après 493 ap. J.-C. et un fossé drainant, sont aménagés (phase 3).
Le secteur est ensuite remblayé, peut-être durant le Moyen Âge (?), avant le creusement d'un fossé ou d'un canal d'une largeur minimale de 3.6 m (phase 4). À partir du 20ᵉ s. trois fosses sont implantées dans le remblai. Il provient sans doute de la transformation de l'ancienne infirmerie en 1901, située à proximité, en école des métiers (phase 5).

Mobilier archéologique: céramique, verre, monnaies, fer.
Faune: en cours d'étude.
Prélèvements: charbon, bois.
Datations: Antiquité, Antiquité tardive; Haut Moyen Âge, Moyen Âge ?; Époque moderne et/ou contemporaine.
Archeodunum Investigations Archéologiques SA, F. Menna.