Altitude moyenne 428 m.
Date de la découverte : février 2015.
Prospection aérienne et intervention subaquatique.
Surface documentée 100 m2.
Chaland gallo-romain en chêne.

Lors d'une prospection aérienne en dirigeable, en février 2015, une anomalie a été détectée dans le lac de Neuchâtel à environ 1,5 km du rivage de La Tène, à une profondeur de 2 m. Elle est perceptible grâce à deux pièces de bois très effilées qui dessinent une structure triangulaire, ainsi que par une silhouette sombre, en forme de coque de bateau, due à un substrat différent à cet endroit qui favorise la poussée des plantes aquatiques.
Lors de la première plongée, l'identification d'un chaland gallo-romain n'a fait aucun doute avec un assemblage de planches en chêne apparaissant légèrement au sommet des sédiments lacustres et, sur toute sa longueur, le bordé est fixé à l'aide de gros clous forgés sur les courbes, en chêne également, espacées tous les 80 à 90 cm. Le calfatage est visible à l'intérieur des fissures et des planchettes sont clouées par-dessus.
Un sondage de 60 cm de profondeur a permis d'observer la conservation d'une grande partie des planches du bordé et avec l'analyse des images aériennes, il nous semble que l'embarcation est couchée sur le côté, enfouie dans le sable et la craie lacustre. La deuxième composante visible du chaland est en position secondaire.
Il s'agit du bouchain, une pièce qui est caractéristique des embarcations de tradition romano-celtique et qui fait le lien architectural entre les pirogues monoxyles et les bateaux assemblés. Appelé aussi bordage de transition (entre le fond et les flancs), il est identique à ceux documentés sur le chaland de Bevaix, découvert en 1970 et exposé au Laténium (Hauterive). Ils ont une section transversale en forme de « L ». Chacun des bouchains est taillé dans un tronc à la hache et à l'herminette, comme pour la construction d'une pirogue. Les bouchains sont, en fait, une pirogue coupée longitudinalement en deux et disposés de chaque côté du bateau. Le fond est ensuite fabriqué par l'ajout de planches débitées à la scie en long.
La présence de ce bouchain détaché, pièce située dans la partie basse du bateau et la déformation d'une ferrure de renfort du bordé, témoignent d'une violente destruction d'un des flancs du chaland. Un prélèvement a été effectué sur une des extrémités du bordage pour une analyse dendrochronologique et C14. La présence d'une septantaine de cernes de croissance nous permet déjà de donner un terminus post quem pour la construction de ce chaland, en 121 apr. J.-C. D'autres prélèvements dendrochronologiques devront être effectués en recherchant la présence de cernes d'aubier pour affiner cette datation.
Les embarcations gallo-romaines déjà découvertes en Suisse sont au nombre de trois. Outre celle trouvée dans la baie de Bevaix NE, une barque et un chaland ont été découverts à Yverdon-les-Bains VD et sont présentés dans une salle du Musée d'Yverdon et région. On peut ajouter également à cette liste quelques éléments de chalands retrouvés dans le canal d'Avenches VD.

Prélèvements : métal et bois pour analyses dendrochronologiques et C14.
Datation : C14. ETH-60928, 1925+47 BP, 1er et 2e s. apr. J.-C. - dendrochronologique. 121 apr. J.-C. (terminus post quem).
OPAN, F. Langenegger et F. Droz (aérostier).