CN 1165, 574650/196700. Altitude 450 m.
Date des fouilles: février-juillet 1996.
Site nouveau.
Références bibliographiques: AF, ChA 1996 (à paraître).
Fouille de sauvetage non programmée (projet immobilier). Extension du site env. 20000 m².
Lieu de culte. Habitat?

Le lieu-dit Merlachfeld se situe à la sortie de Meyriez en direction de Faoug VD et s'étend, face au Mont Vully, sur une terrasse d'origine glacio-lacustre culminant tout le littoral moratois. Affecté par la création d'un nouveau quartier de villas (28000 m²), cet emplacement révéla, dans sa partie nord, un bâtiment (habitat?) qui fut partiellement dégagé durant le mois de février 1996. Dès lors, une campagne de sondages mécaniques fut entreprise sur l'ensemble du terrain à bâtir en vue de déterminer le potentiel archéologique et d'intervenir, en priorité, là où les constructions étaient déjà soumises à l'enquête. Outre un horizon protohistorique (voir Age du Bronze), trois autres constructions, dont un temple de tradition indigène et plusieurs structures de surfaces (foyer et trous de poteau) s'étendant sur environ 15000 m², ont été mises en évidence lors de ces recherches préliminaires (fig. 20).
La zone du temple jouxte la limite méridionale de la parcelle et présente trois phases de construction:
- la première comprend un fossé partiellement reconnu qui forme la limite orientale d'un enclos renfermant une palissade et un édicule en bois de 4 m²; ce dernier est constitué de quatre trous de poteau, dont un restitué, qui encadrent une fosse à offrandes;
- la deuxième voit la transformation de l'édicule primitif en un premier fanum à galeries en bois (9 × 9 m); celles-ci sont marquées au sol par des plaques de calcaire jaune (stylobates) supportant des poteaux de bois; un auvent ou porche(?) ainsi qu'une fosse et une structure de combustion extérieures à la galerie orientale se rattachent à cette phase de construction;
- la troisième correspond à la reconstruction en dur du temple selon un plan rectangulaire concentrique de 16.80 × 13.50 m (fig. 21). La cella (6.50 × 6.50 m), pourvue d'un hérisson de galets, scelle l'édicule primitif mais respecte son emplacement au moyen d'un aménagement central en pierre (2 × 2 m) qui forme vraisemblablement l'entourage d'une structure récupérée (autel, base de statue?) établie sur la fosse primitive. Un lit de galets de 2.80 × 2.80 m (restes d'une chapelle?), localisé au nord-ouest du temple, constitue apparemment le seul aménagement extérieur pour cette phase de construction.
À 71 m à l'ouest du fanum, un petit édicule en pierre (2.70 × 2.10 m), correspondant peut-être aux vestiges d'une chapelle ou d'un oratoire, a également été reconnu (fig. 22).
À une centaine de mètres au nord-ouest du temple, un bâtiment maçonné partiellement conservé (10 × 3.50 m) et dépourvu de tout aménagement interne, complète l'ensemble des constructions dégagées. Les extrémités des murs est et ouest sont caractérisées par deux plaques de grès sommairement taillées et placées symétriquement l'une en face de l'autre (bases de poteaux médians?).
Un premier survol du matériel céramique recueilli nous permet de placer l'occupation principale du site entre les milieux des 1er et 3ᵉ s. ap. J.-C. Par ailleurs, notons que seules six monnaies, frappées entre les règnes d'Auguste et de Trajan, ont été découvertes, en l'occurrence dans la zone du temple. Quatre d'entre elles, dont un as coupé (Auguste pour Tibère) et un as avec graffito (Tibère pour Auguste), proviennent de la fosse à offrandes qui recelait également une demi-fibule en bronze (type Ettlinger 31). Une hachette votive en fer, à motif cruciforme, constitue l'unique élément cultuel extérieur à la fosse. Signalons également que de nombreux tessons laténiens et une fibule à ressort (type Feugère 15), recueillis dans la zone du temple, attestent une fréquentation du lieu avant le 1er s. de notre ère. Voir aussi Age du Bronze.

Mobilier archéologique: déposé au SAFR.
Datation: archéologique.
SAFR, D. Bugnon et F. Saby.