CN 1225, 570 830/162 980. Altitude 765 m.
Date des fouilles: janvier-mars 2008.
Références bibliographiques: AF, ChA 1988 (1990), 22-25; 1989-1992 (1993), 30; M.-H. Jordan, Le Château de Bulle. Pro Fribourg 93. Fribourg 1991; CAF 2, 2000, 64s.; D. de Raemy, Châteaux, Donjons et grandes tours dans les Etats de Savoie (1230-1330). Un modèle: le château d'Yverdon. CAR 98/99, 210-216.550-552. Lausanne 2004.
Observations de sauvetage non programmées (réfection de toiture). Surface de la fouille env. 600 m².
Château fort.

La réfection de la couverture de l'aile orientale et de la tourelle nord-est du château de Bulle constituait la dernière étape de ces travaux qui ont débuté par l'aile nord il y a plus de vingt ans. Malheureusement, le remplacement des tuiles et du lattage du donjon, de l'aile sud et de la tourelle sud-est avait déjà été réalisé ces trois dernières années, sans que les archéologues n'aient été avertis. L'option de restauration adoptée marque une profonde rupture avec les traditions pluriséculaires de réalisation et d'entretien des couvertures. En effet, alors qu'auparavant on conservait et réutilisait tout ce qui pouvait l'être, aujourd'hui, la couverture du château a perdu toutes ses anciennes tuiles (fabriquées à la main!) ainsi que son lattage, pourtant maintenu lors des étapes d'entretien antérieures et dont l'état de conservation n'impliquait que des réparations ponctuelles. Ces options de remplacement intégral sont d'autant plus regrettables que la toiture des corps de logis avait conservé son lattage d'origine des années 1763/68, qui avait été réalisé en sapin blanc, une essence bien plus résistante que l'épicéa utilisé pour les nouvelles lattes. Comme à Fribourg sur des toitures plus anciennes, la présence d'ouvertures pratiquées dans le lattage pour permettre l'entretien sans montage d'échafaudage a pu être documentée. À Bulle cependant, en raison du rythme irrégulier du chantier, seule une partie de ces «péclouses» a pu être relevée. La tourelle nord-est n'avait pas conservé son lattage d'origine, déjà renouvelé en 1925, mais les tuiles anciennes, en grande partie gironnées (tuiles en forme de trapèze utilisées dans les couvertures incurvées), avaient été soigneusement replacées.

Une seule tuile portant une date nous est parvenue pour l'aile orientale et la tourelle nord-est; d'autres ont sans doute été jetées. Nous ne disposons donc plus de ces précieux témoins qui auraient pu nous apporter des précisions sur les productions des tuileries de La Tour-de-Trême et de Bouleyres. L'échantillonnage prélevé a révélé quinze types de tuiles différents. La couverture de l'aile orientale comptait six types de tuiles plates et pointues dont une gironnée, qui ne semblent pas antérieurs au 18° s. La tourelle en comptait douze, dont trois se retrouvent également sur l'aile orientale et six qui sont gironnés. La découpe des tuiles de la tourelle offre en outre des formes plus variées: à pointes, à découpe droite, - un type gironné manifestement de la fin du Moyen-Age et un autre, normal, portant la date de 1669 (sous réserve d'une lecture correcte) -, ou encore «en queue de castor», soit à extrémité arrondie, des tuiles manifestement aussi médiévales. À cette variété de formes et de modules s'ajoutent quelques décors, le plus souvent des cannelures ondulées plutôt que droites et un dessin difficile à interpréter. Notons que toutes ces tuiles ont été fabriquées à «l'allemande», c'est-à-dire avec la face interne sablée et un tenon moulé.

Prélèvements: lattes à tuiles en vue de datation dendrochronologiques et échantillonnage de tuiles.

Datation: historique; archéologique.
SAEF, G. Bourgarel.