CN 1185, 578 704/183 335. Altitude 581 m.
Date des fouilles: mars-mai 2013.
Références bibliographiques: M. Strub, La ville de Fribourg: introduction, plan de la ville, fortifications, promenades, ponts, fontaines et édifices publics. MAH 50, canton de Fribourg I, 145-147. Bâle 1964; G. Bourgarel, La porte de Romont ressuscitée. Pro Fribourg, no spécial 121, 1998, 9-10.
Analyse de sauvetage (restauration de la porte et de la couverture de l'enceinte attenante). Surface de la fouille 20 m².
Fortification urbaine.

Des travaux de réfection urgents ont donné l'occasion d'effectuer une analyse partielle de la porte de la Maigrauge et du tronçon d'enceinte attenant à l'ouest (fig. 40,1). La porte, ou poterne, est une petite tour de plan trapézoïdal (4-4.5 m par 3.75 m) initialement ouverte à la gorge et dotée de trois niveaux. Dressée au mur de l'enceinte, elle n'offre aucun flanquement et seuls ses deux niveaux inférieurs ont été construits en molasse. Le troisième, en pans de bois, est un ajout de l'époque moderne qui remplace le couronnement crénelé initial, encore visible en 1582 selon le panorama de Grégoire Sickinger. Cette surélévation, qui coïncide avec la fermeture côté ville des deux étages, a certainement été réalisée en 1585 d'après la cheminée qui se trouvait à l'intérieur. Elle a précédé la bretèche de molasse qui surplombe la porte, érigée en 1626 sous la direction de l'intendant des bâtiments Peter Schroter comme le rappelle l'inscription allemande en onciales latines gravée à l'intérieur «H P SCHROTER DER ZIT BUVMEISTER 1626», identique à celle de la bretèche de la porte du Gottéron, réalisée la même année.
La porte primitive à encadrement en plein cintre chanfreiné n'était dotée d'aucune herse ni de pont-levis. Les maçonneries médiévales ont été dressées en carreaux de molasse verte taillés à la laye brettelée avec des marques de hauteurs d'assise en chiffres romains (de II à VIII), caractéristiques des maçonneries de molasse des 14ᵉ et 15ᵉ siècles. La porte et l'enceinte attenante ayant certainement été construites durant les années 1360. La muraille, d'une épaisseur de près d'un mètre, s'élève à une hauteur totale de 8 m. Son parapet crénelé, en grande partie détruit, atteignait une hauteur de près de 3 m pour une épaisseur de 0.67 m. Le chemin de ronde, couvert et existant jusque vers 1830, reposait sur des consoles de bois qui prenaient appui sur un ressaut de la muraille de 0.30 m et étaient ancrées dans toute l'épaisseur du mur. Des portes à linteaux sur coussinets percées dans les parois latérales de la tour desservaient ce chemin de ronde dont les points d'ancrage des consoles permettent de restituer la largeur (1.30 m).
Enfin, 7.50 m à l'ouest de la porte, une seconde poterne, dotée du même encadrement que la porte principale permettait d'accéder directement à l'intérieur de la clôture de l'abbaye de la Maigrauge (fig. 40,2). Percée dans la muraille dès sa construction, elle était restée ignorée et ne figure pas sur les vues de Sickinger ni de Martin Martini (1606). Était-elle précédée d'une porterie ou n'était-elle destinée qu'à l'usage exclusif des religieuses? Quoi qu'il en soit, elle a été murée à l'époque moderne, le bouchon contenant des fragments de tuiles.
Le tronçon d'enceinte dont fait partie la porte de la Maigrauge occupe une position secondaire dans l'ensemble des fortifications de Fribourg ce qui explique les dimensions restreintes de ces ouvrages défensifs, hormis la hauteur de la muraille équivalente à celle des autres tronçons conservés. Elle servait aussi bien à défendre la ville qu'à protéger l'abbaye de la Maigrauge qui a contribué financièrement à son érection.

Datation: historique; archéologique.
SAEF, G. Bourgarel.