CN 1185, 578 790/183 700. Altitude 550 m.
Date des fouilles: février-juin 2004.
Références bibliographiques: H. Schöpfer, Fribourg, Arts et monuments, 50. Fribourg 1981; P. de Zürich, Le canton de Fribourg sous l'Ancien Régime. LMB XX, LXII. Zürich/Leipzig 1928.
Fouille et analyse programmées (transformation). Surface de la fouille env. 100 m².
Habitat.

L'immeuble de la Neuveville 46 est implanté dans le rang sud de la rue. Faisant face au Court-Chemin, il apparaît, avec son voisin le n° 48, comme l'une des plus importantes maisons du rang. Cette construction excavée atteint des dimensions de 4 par 14 m et est coupée en deux parties par un mur dressé de la cave aux combles. Légèrement plus courte, la partie nord comprend trois étages sur rez-de-chaussée, alors que la partie sud n'en compte que deux. En raison de la déclivité du terrain en direction de la Sarine, les caves s'ouvrent de plain-pied au sud.
L'état actuel de la maison remonte pour l'essentiel à une transformation qui a vu notamment la reconstruction de la façade sur rue ornée des caractéristiques remplages aveugles aux premier et deuxième étages. Cette phase comprend aussi le mur de refend jusqu'au sommet du deuxième étage et, au sud, la façade du sous-sol au premier étage y compris. Les poutraisons des niveaux supérieurs appartiennent assurément à cet ensemble et leur datation dendrochronologique fait remonter cette construction aux années 1388/1389. On peut relever qu'au sud, le niveau du terrain était alors au moins un mètre plus bas qu'aujourd'hui. Cette maison a été surélevée simultanément à ses voisines. La répartition des travaux entre voisins est matérialisée par des étapes de chantier successives dont la chronologie se lit bien dans les maçonneries. Les parties supérieures, initialement en bois, ont été maçonnées alors et, au sous-sol, le niveau du terrain de la partie sud a été surélevé simultanément à la construction des voûtes actuelles qui couvrent aussi la partie nord. L'annexe sud remonte manifestement aussi à cette époque, soit le 16° ou la première moitié du 17° s.
Signalons encore que les restes d'une maison plus ancienne, 5 m plus courte que l'actuelle (sans l'annexe sud) ont été mis en évidence à la cave et que le sous-sol de la partie sud recèle une succession de cuves de tannage du 15° au 20° s.
Les recherches ayant été limitées à l'emprise des travaux, le sous-sol conserve encore tout son potentiel archéologique et l'on peut être quasiment certain d'y découvrir des vestiges remontant aux origines du quartier comme à la Neuveville 16-24 (AF, ChA 1989-1992 [1993] 95s.). Enfin, la datation dendrochronologique des 47 échantillons prélevés dans l'immeuble complète la série de datations des maisons à remplages aveugles que nous connaissons déjà; cette série, qui forme une fourchette chronologique se plaçant entre 1366 (Grand-Rue 36) et 1405 (Samaritaine 16), vieillit sensiblement les hypothèses de datations des historiens de l'art qui se sont manifestement laissé tromper par l'aspect flamboyant de certains motifs. C'était sans compter la liberté d'exécution qu'offrent les remplages aveugles qui n'ont pas à répondre à des critères statiques. La question devra de toute façon être approfondie à la lumière des nouvelles dates pour tenter d'en saisir les filiations et d'en décrire l'évolution.

Prélèvements: 47 échantillons pour datations dendrochronologiques, LRD04/R5553RP.
Datation: archéologique, stylistique.
SAEF, Ch. Kündig et G. Bourgarel.