CN 1185, 578 745/183 725. Altitude 550 m.
Date des analyses partielles: 16.6.-27.9.2003.
Site déjà connu.
Fouille de sauvetage programmée (transformation de bâtiments).
Habitat.

Les transformations qui ont touché ces quatre bâtiments ont été importantes, surtout dans les maisons nᵒs 17 et 21; dans les deux autres, seules quelques nouvelles portes ont été percées et les combles du n 15 ont été aménagées. Les investigations ont donc été plus poussées dans les maisons les plus touchées, où il s'agissait principalement d'assurer la conservation des parties anciennes, en particulier des poutraisons et des charpentes.
L'immeuble nᵒ 17 a vu ses deux façades et tout son intérieur reconstruits en 1769/1770, mais en conservant évidemment les mitoyens de la fin du Moyen-Âge et le gabarit de la construction précédente, soient deux étages sur rez-de-chaussée. La maison pouvait alors accueillir deux familles, une par étage, le rez-de-chaussée devait abriter une échoppe ou un atelier et les combles les domestiques. Si la distribution initiale n'était pas intégralement conservée dans les deux étages, elle a pu être restituée: côté rue, une grande pièce à l'est et une petite à l'ouest, à l'arrière, la cage d'escalier dans la moitié ouest et les cuisines dans l'autre. Seules les pièces sur rue du premier étage ont été dotées de faux plafonds de plâtre alors que partout ailleurs, les solives apparentes présentaient un petit chanfrein. Avec ses quatre axes de fenêtres en arc surbaissé et son appareil de molasse soigné, la façade sur rue contraste avec la simplicité des aménagements intérieurs. Cet immeuble de rapport offre un des rares exemples de construction relativement modeste du 18ᵉ s. bien conservée en ville de Fribourg.
Le bâtiment nᵒ 21 offre une situation très différente. D'une part, il prend appui aux maisons du Court-Chemin et il n'a donc pas de façade arrière, d'autre part, il a conservé sa façade de la fin du Moyen-Âge, quoique très remaniée, alors que son intérieur a été reconstruit au 16ᵉ s. et sa partie arrière, borgne, fortement transformée au 20ᵉ s. À l'origine, la façade sur rue comprenait une arcade et la porte d'entrée à l'est, au rez-de-chaussée. Le premier et le deuxième étage étaient percés de deux triples fenêtres, formant de véritables claires-voies. Leurs encadrements de molasse taillés à la laye brettelée sont moulurés de deux gorges séparées par une petite feuillure, qui retombent directement sur la tablette formant un cordon continu, mouluré d'un talon très accentué prenant sa naissance sur un petit chanfrein et coiffé d'un bandeau. Les combles étaient largement ouverts, la panne se situant un mètre au-dessus du couronnement de la façade pour permettre le séchage des peaux ou des draps, selon une disposition usuelle en basse ville au Moyen-Âge. Cette façade remonte vraisemblablement aux alentours de 1400.
Enfin, le rez-de-chaussée du n 19, légèrement touché par les travaux, a révélé une poutraison de chêne liée au mur mitoyen ouest, en carreaux de molasse, et au mur d'échiffre de la cage d'escalier probablement contemporains à la façade du n 21.
Comme à la rue de la Neuveville 1, les plus anciens vestiges identifiés dans ces quatre immeubles ne sont pas antérieurs au 14ᵉ s. L'implantation de bâtiments aurait donc été nettement plus tardive sur le côté amont de la rue de la Neuveville que sur le côté aval, où les maisons se sont étendues au sud, dans l'ancien lit de la Sarine au 13ᵉ s. déjà. Ce décalage chronologique peut s'expliquer par un sol gorgé d'eau au pied de la Grand-Fontaine, qui a interdit la création de caves. Malgré ces conditions défavorables, les maisons y ont été implantées dans le courant du 14ᵉ s. Le succès de la tannerie et de la production de drap n'est certainement pas étranger à cette vague de constructions.

Datation: archéologique; dendrochronologique, Réf. LRD03/R5457.
SAEF, G. Bourgarel.