CN 1183, env. 542 900/188 725. Altitude env. 478 m.
Date des fouilles: dès mars 1997.
Références bibliographiques: ASSPA 81, 1998, 274.
Fouille de sauvetage programmée (construction de l'autoroute A5). Environ 2600 m² ont été fouillés sur une surface menacée s'élevant au minimum à 7000 m².
Habitats.

Le site a été découvert lors de sondages systématiques à la pelle mécanique. Il est situé au pied du Jura, à environ 1.5 km de la rive nord du lac de Neuchâtel, sur les flancs d'un vaste cône de déjection fluvio-glaciaire, à proximité d'un cours d'eau actuellement canalisé, d'une ancienne tourbière et de résurgences karstiques.
D'aval en amont, les différents niveaux d'occupations apparaissent successivement en alternance avec des dépôts de colluvions de pente. Les horizons sont de mieux en mieux marqués et conservés en direction du Jura.
Une occupation mésolithique de plein air a été mise au jour dans les niveaux inférieurs et fouillés pour l'instant sur une trentaine de mètres carrés. De nombreux éclats de silex, dont une forte proportion sont brûlés, ont été découverts sur une épaisseur d'environ 10 cm, dans des limons fins scellant les dépôts fluvioglaciaires. Une structure creuse (une fosse ou un foyer) est associée à cet horizon. Elle a livré un micro-grattoir unguiforme (fig. 5), des éclats lamellaires, des fragments d'os brûlés, un percuteur et quelques pierres éclatées au feu. À proximité, plusieurs fragments d'armatures et quelques lamelles ont été découverts. À plus de 60 m de là, au fond d'une tranchée, quelques micro-éclats, dont certains sont retouchés, ont une insertion stratigraphique comparable. Ces niveaux mésolithiques peuvent donc s'étendre sur plusieurs centaines de mètres carrés. Ils sont scellés par des limons fins et localement par du tuf.
Au-dessus, se développe une couche de limons noirs riche en micro-charbons, d'une épaisseur d'environ 20 cm. À la base de ce niveau, une meule et plusieurs structures de combustion, dont une est datée par C14 du Néolithique moyen (voir ASSPA 81, 1998, 274), ont été mises au jour. À son sommet, une autre occupation est attestée par de nombreuses pierres éclatées au feu et des fragments de céramiques. Deux tessons campaniformes piégés dans des structures creuses, hors stratigraphie, pourraient se rattacher à ce niveau supérieur.
Quelques dizaines de centimètres au-dessus, deux aires bien délimitées, densément empierrées à l'aide de blocs et de boulets de grand module (jusqu'à 40 cm) ont été partiellement fouillées. Les quelques tessons associés permettent de les attribuer provisoirement à l'âge du Bronze.
La période du Hallstatt est représentée par une grande structure de combustion (370 x 120 cm) aux parois rubéfiées comportant des pierres de chauffe, de nombreux fragments d'os brûlés et plusieurs kilos de céramique.
Une douzaine de fosses sont à rattacher à l'époque de La Tène. Elles se répartissent en deux groupes: huit fosses circulaires d'un mètre de diamètre et trois fosses rectangulaires. Les fosses circulaires présentent des remplissages variés. Certaines sont comblées de galets, d'autres sont dotées d'une dalle posée à plat sur le fond, une comporte une concentration charbonneuse circulaire en son centre. La dernière a livré quelques galets ainsi qu'un dépôt de céramiques composé d'un récipient intact d'allure particulière (voir ASSPA 81, 1998, 284, fig. 16), associé à un bol à fond soulevé décoré d'un bandeau peint en rouge et d'une jatte tronconique à bord rentrant. Cet ensemble présente un faciès La Tène finale, probablement D1, par comparaison avec d'autres récipients retrouvés à Yverdon et à Cuarny.
Les trois fosses rectangulaires mesurent entre 170 et 200 x 80 cm et ont une orientation NW-SE. Deux d'entre elles ont livré une petite concentration de galets en leur centre. La troisième est parsemée de galets et comporte un fragment de ressort de fibule en fer et une demi-mandibule d'ovi-capriné. Ces différentes structures, ainsi que leur agencement, n'évoquent ni un habitat ni une nécropole.
Les niveaux supérieurs ont livré une partie d'un bâtiment sur poteaux plantés d'au moins 6.50 x 5 m. Les restes carbonisés des poteaux (diam.: environ 15 cm) sont décentrés dans des fosses d'implantation d'un mètre de diamètre. Un petit clou en fer provenant d'une de ces structures permet une première datation à l'époque romaine ou plus tardive. À quelques mètres, un chemin de même orientation, constitué de plusieurs recharges de graviers, a été repéré dans une tranchée. Il pourrait être associé à ce bâtiment.
Notons encore la présence d'une conduite en bois dont il ne reste que les frettes disposées environ tous les 3.50 m. Elle capte une résurgence et se dirige en direction de l'actuel village d'Onnens. La présence d'une monnaie d'Amédée VIII (1416-1434) permet de la dater au plus tôt du 15ème siècle.


Matériel archéologique: céramique, lithique (meules, percuteurs, polissoir, enclumes, galets aménagés), silex (armatures, pointes de flèches, éclats, lames, nucleus, grattoirs, pointe), cristal de roche (éclats), fer (frettes, clous, talon de lance, ressort et ardillon de fibule), bronze (deux gouttelettes), cuivre (épingle), faune (ossements mal conservés, dents, bois de cerf), bois (poteaux brûlés en chêne), monnaie (Amédée VIII, 1416-1434).
Prélèvements: charbons de bois pour le C14, carpologie, malacologie.
Datation: archéologique: Mésolithique, Campaniforme, Age du Bronze, Hallstatt, La Tène, Époque romaine(?), Bas Moyen Age; C14: Mésolithique, Néolithique moyen, Campaniforme, Bronze ancien, Hallstatt.
MHAVD, C. Falquet et Archéodunum SA, Gollion, F. Menna et P. Nuoffer.