CN 1184, 556350 / 190880. Altitude 429 m
Date des fouilles: 25.2.-22.3.2013.
Références bibliographiques: CAF 14, 2012, 155-156.
Fouille de sauvetage non programmée (érosion lacustre). Surface de fouille 4000-5000 m².
Habitats (stations littorales).

La découverte de tessons de céramique en 2011 sur la station littorale de La Crasaz 2 a motivé une évaluation de l'état du site. Des observations et des carottages réalisés en 2012 ont révélé la disparition apparemment complète de la couche archéologique, le lessivage rapide du mobilier et l'érosion, voire le déchaussement de pieux. Ce diagnostic alarmant a donné lieu en hiver 2013 à une intervention subaquatique destinée à cartographier et à prélever les pieux menacés de disparition à brève échéance.
Réalisée en une dizaine de jours, l'opération a notamment permis de délimiter précisément le front d'érosion du site. Il est matérialisé par un tapis de 30-40 cm d'épaisseur de rhizomes morts qui se désagrège progressivement sous les assauts de la houle, laissant sans protection les pieux de la station dans sa partie occidentale. Dans cette zone mise à nu, les pieux n'étaient souvent représentés plus que par des restes de pointes, dépassant de 20-40 cm du fond lacustre, et risquant donc des déchaussements. Ils montraient tous des signes marqués d'érosion. À l'est du front érosif, les pieux ne dépassent généralement pas du tapis végétal qui les protège encore provisoirement.
La brève campagne a permis de localiser et de cartographier au total 150 pieux qui se concentraient plus densément dans une bande d'environ 10 m le long du flanc ouest du front d'érosion. Plus au large, le nombre de pieux préservés allait en diminuant, indiquant qu'une part non quantifiable de la station avait pu être détruite par l'érosion au cours des décennies précédentes. Sur tous les bois observés, 98 ont été prélevés, généralement par sciage, parfois entiers lorsqu'il s'agissait de pointes quasi déchaussées.
Du point de vue du débitage, nous avons environ 25% de quarts, 45% de bois ronds et 5% de pieux de section polygonale. Le diamètre moyen des bois ronds est de 12 ± 3 cm. L'étude dendrochronologique est en cours. 90 échantillons provenant de pieux en chêne ont été mesurés. La principale difficulté de cette expertise réside dans l'utilisation de peuplements d'arbres très jeunes pour la construction des structures du village. La fréquence des classes d'âge indique que 61% des chênes exploités ont moins de 25 ans. Seuls 16 échantillons ont plus de 50 ans et leur présence a permis d'assurer la datation du site à l'âge du Bronze final. La courbe de croissance obtenue est longue de 177 ans et se place chronologiquement entre 1237 et 1061 av. J.C. Aucun cambium n'a été décelé sur les bois analysés, mais les estimations de dates permettent de situer avec précision l'abattage des premiers arbres vers 1065 av. J.-C.
Les premières architectures ont été construites entre le début de l'exploitation des chênaies et 1058 av. J.C., date des dernières estimations maximales calculées pour cette première phase de construction du village d’Autavaux-La Crasaz 2.
L'intégration des informations recueillies à La Crasaz 2 avec celles du site voisin de La Crasaz I el celles qui seront encore collectées lors de sondages terrestres complémentaires permettra d'avoir une vue d'ensemble cohérente sur cette portion du littoral et de son évolution ancienne, récente et future.

Prélèvements: bois. Station: étude dendrochronologique en cours.
SAEF, R. Blumer; OMAN, F. Langenegger.