CN 1085, 2572 435/1 251 915. Altitude 423 m.
Date des fouilles: 15.6.2020-5.7.2021.
Date de la découverte: 15.6.2020.
Site déjà connu.
Fouille de sauvetage programmée (renouvellement des conduites et des canalisations en sous-sol urbain). Surface de la fouille env. 1000 m².

Dans le cadre d'un renouvellement des canalisations de la rue Joseph-Trouillat, au pied de la vieille ville de Porrentruy, le service archéologique a effectué un suivi régulier des travaux entre l'été 2020 et l'été 2021. En 2020, hormis ce qu'il restait des fondations du rempart oriental, dont l'emplacement était connu, la surveillance n'a pas mis au jour de vestiges archéologiques importants. En 2021, les fouilles réalisées dans les secteurs 4 et 5 ont permis de préciser l'emplacement du rempart occidental ainsi que les limites de plusieurs maisons, datées d'avant 1752. Ces découvertes s'expliquent car un ensemble de bâtiments a été détruit à la fin du 19e s. afin de permettre l'ouverture d'un axe routier est-ouest au cœur de Porrentruy (fig. 91).
Dans le secteur 4, des couches médiévales ont été repérées, dont plusieurs niveaux de circulation successifs. Composés de scories tassées, ces niveaux recelaient quelques fragments de chutes de cuir datés typologiquement du 14e s. Plus loin, dans un niveau organique saturé d'eau, deux planches de bois similaires ont été conservées. D'après l'analyse dendrochronologique, l'abattage a eu lieu en 1330. Des niveaux d'incendie et de remblai ont également été observés.
Le suivi du secteur 5 a d'abord permis de mettre en évidence les fondations des bâtiments n° 32 et 33 du plan parcellaire de la ville de 1752. Le n° 32 comportait une cour et une grange. Cela explique la présence d'un niveau de circulation moderne composé de dalles en calcaire et d'un tonneau dans la cour, d'une soue à cochons, de toilettes et de différents murs compartimentant la grange, dont un venant également s'appuyer contre les fortifications. Le n° 33, séparé en deux corps de logis, s'étendait aussi jusqu'aux fortifications. Un ensemble de murs, dont les fondations d'une tour circulaire devant être une cage d'escalier, forme de manière certaine les limites du bâtiment.
Les fondations du rempart occidental sont conservées sur une longueur de 8 m. Le parement externe (côté ouest) est composé de moellons de taille modeste qui alternent avec des blocs de grande dimension, pour une hauteur conservée des fondations avoisinant les 2 m à certains endroits. Un élargissement du rempart sur sa face externe, composé de trois grands blocs d'un seul tenant et d'une sablière basse, a également été repéré. Cet aménagement, qui doit être tardif, se situe au niveau d'une voûte maçonnée dans le rempart, et semble contemporain au blocage de cette voûte (fig. 92). Au contraire du parement externe, la face interne (côté est) est moins bien ouvragée. Seule la première assise de l'arase, où un léger ressaut est présent, est composée de blocs grossièrement équarris. Les assises inférieures sont composées plutôt de petits moellons en calcaire, de dalettes et de galets de rivières. L'ensemble est grossièrement revêtu de mortier.
Ces fouilles ont donc permis un regard sur certaines couches médiévales. Des niveaux organiques, comportant des fragments de bois et de cuir, ont été observés dans les bas de la cité. Des parallèles pourront ainsi être effectués avec le mobilier trouvé à St-Ursanne ces dernières années. Par ailleurs, les niveaux de démolition repérés dans différents relevés stratigraphiques pourraient être reliés aux diverses dates d'incendies connues à Porrentruy au Moyen Âge. Cependant, la grande majorité des vestiges observés, notamment dans le secteur 5, doit être datée entre le 17e et le 19e s.

Mobilier archéologique: céramiques, petit mobilier métallique, bois de construction, fragments de cuir.
Prélèvements: charbons de bois.
Datation: archéologique; dendrochronologique: planche de sapin (abies alba), 1330 ap. J.-C. (datation sur cambium); demi-tronc de chêne (quercus spp.), après 1274 ap. J.-C. Moyen Âge classique et tardif; Époque moderne.
OCC/SAP JU, G. Luisoni.