À Lavigny, dans le cadre d’un projet de réaménagement de la place et de la rue de l’Église, une surveillance (de sauvetage, au vu du non-respect des prescriptions de l’Archéologie Cantonale sur le projet) a été prescrite à la suite de la découverte d’ossements humains par les ouvriers. À l’arrivée des archéologues, la moitié de la surface avait déjà été terrassée et une quantité importante d’ossements humains épars étaient visibles sur l’aire du chantier. À la suite de la surveillance mise rapidement sur place, plusieurs inhumations ont été mises au jour à l’est de l’église. Ces découvertes ont conduit à l’arrêt de la creuse dans ce secteur et à la mise en place d’une fouille préventive d’urgence qui s’est déroulée du 8 au 16 juillet. Le reste des travaux autour de l’église a été surveillé en parallèle de la fouille archéologique, sans mettre au jour d’autres sépultures.
Dans le secteur de fouille, à l’est de l’église, 11 sépultures ont été identifiées, toutes perturbées par des travaux récents. La stratigraphie générale se compose d’un remblai moderne remanié contenant de nombreux fragments d’os humains qui recouvre tout l’espace funéraire fouillé, caractérisé par des fosses à inhumations au comblement limoneux gris-noir foncé. Ces dernières s’insèrent dans un niveau sableux très meuble faisant office de terrain naturel.
La fouille des sépultures a permis d’identifier un sous-sol très perturbé, notamment par un câble Swisscom et plusieurs canalisations qui passent à travers les inhumations. Ces travaux ont eu lieu à la fin du siècle dernier (1994) et ont été ravageurs pour l’ancien cimetière.
L’étude des différentes inhumations a livré quelques renseignements sur la population de l’époque (stature, sexe, pathologie, etc.), mais le faible corpus ainsi que les perturbations modernes ne permettent pas encore de tirer de véritable conclusion sur ces aspects. Concernant les modes d’inhumation, des traces de contenant (clous, fragments de bois) permettent d’affirmer la présence de cercueils.
La datation des ossements par analyse 14C sur quatre individus révèle une longue période d’utilisation de cet espace funéraire, entre le 13e et le 19e siècle. Deux individus dont le squelette a été recoupé par les fondations de l’église ont été mis au jour. L’un d’eux a été daté entre 1170 et 1280 ap. J.-C., confortant l’étude du bâti de l’édifice effectuée en 1933 qui situe l’agrandissement du chœur vers l’est au 14e siècle. Ces deux défunts, d’une orientation similaire, peuvent être rattachés au premier état connu de l’église datant de l’époque romane. Les individus les plus récents (18e-19e siècle) se situent à l’extrémité orientale de la surface de fouille, dans des alignements de sépultures certainement contemporaines.
La profondeur de creuse relativement restreinte n’a permis de fouiller que le niveau de sépultures en apparition ; et même si ce petit lot de sépultures déjà en partie détruites a pu être sauvé et documenté lors de cette intervention, d’autres inhumations existent encore assurément autour de l’église de Lavigny, à des niveaux plus profonds. Les travaux futurs dans ce secteur se doivent donc d’être surveillés, afin de compléter les connaissances de l’ancien cimetière autour de l’édifice religieux.
Fouille: Archeodunum Investigations Archéologiques SA, Cossonay, L. Raboud.