Le projet de modernisation du centre-ville de Morges comprenait l’arborisation de la parcelle végétalisée située sur la place de l’église (DP1042), à la jonction entre la Grand-Rue et la rue Louis-de-Savoie. De précédentes interventions menées au niveau du parking à l’est ayant confirmé la présence de vestiges maçonnés et sépulcraux relatifs à l’ancien temple, il s’agissait de vérifier si ceux-ci se retrouvaient également dans l’emprise de la zone. Une surveillance du creusement a donc été organisée, et la découverte de vestiges archéologiques dans la moitié nord de la parcelle a motivé une opération de fouille.

La moitié sud ne recelait que des réseaux et couches de remblai actuels ou modernes contenant du mobilier détritique et domestique. Un segment de tronc d’érable a néanmoins été retrouvé dans une couche sédimentaire naturelle argileuse dans l’angle sud-ouest de la place. Un échantillon de bois est en cours d’analyse 14C et le résultat déterminera si la pièce est relative à une occupation médiévale ou est plus ancienne.

Deux maçonneries ont été mises au jour dans la moitié nord. La première, orientée est-ouest et visible en plan et en élévation dans les parois ouest et est, est composée de 4 à 5 assises de boulets de rivière de galets liés par du mortier de chaux. Sa largeur et sa facture sont des arguments en faveur d’une identification comme maçonnerie de fondation sud-ouest de l’ancienne église détruite, mais cette hypothèse est sujette à la comparaison de sa description avec celles des maçonneries mises au jour lors des interventions de Chaudet (2008, 2010).  

La seconde maçonnerie, construite contre la précédente, n’était visible qu’en élévation dans la paroi ouest. Elle se constitue de blocs grossièrement taillés et équarris la différenciant nettement de la précédente.

Enfin, quatre sépultures à inhumation (3 adultes, 1 immature) ont été mises au jour au nord des maçonneries, à proximité de la limite nord de la zone de fouille, soit dans l’emprise de l’église médiévale. Toutes revêtent un caractère partiel, car soit recoupées par les travaux d’installations de réseaux actuels, soit situées en partie hors de la zone de fouille. Le mobilier retrouvé concerne essentiellement les architectures sépulcrales et permet d’avancer que deux des défunts étaient inhumés en coffre/coffrages en bois cloués. En outre, la sépulture d’un individu adulte (fig. 1) contenait des fibres de tissu noir (étude en cours) ainsi qu’une monnaie identifiée par le Musée Cantonal d’Archéologie et d’Histoire comme un denier datant de 1297-1302.

Des analyses au radiocarbone devraient permettre de dater les décès des quatre individus, et ainsi déterminer si le décès du sujet adulte cité ci-dessus est contemporain de la fabrication de la monnaie au tournant du 14e siècle. L’étude en laboratoire des restes des individus définira leurs profils biologiques individuels, la restitution de leurs modes d’inhumation dans la mesure du possible, et la documentation de leurs états de conservation. Ces données pourront éventuellement, hors du cadre de ce rapport, venir étoffer le corpus relatif à l’ancien cimetière de Morges.

Fouille: Archéotech SA, Épalinges, V. Remond.