CN 2504, 2585050 / 1219900. Altitude 432 m.
Date des fouilles : avril-décembre 2018, prolongement en 2019. Site nouveau.
Références bibliographiques : M. Ramstein/S. Karg/A. Marti, Biel, Feldschlössliareal. Archäologische Sondierungen im alten Bieler Seebecken. ArchBE 2015, 60-63.
Fouille préventive (nouvelle construction d'un campus pour la Haute école spécialisée bernoise BFH). Surface de la fouille 5800 m².
Habitat. Voie de communication.

A la suite d'une campagne de sondages, effectuée en 2014 d'abord par carottages, puis à la pelleteuse, une couche d'habitat palafittique néolithique, accompagnée de pieux, est apparue à une profondeur de 4.5 m sous le sol actuel, immergée dans la nappe phréatique. Le périmètre sondé est localisé dans le bassin oriental du lac de Bienne, à 400 m de sa rive actuelle et de la Thielle, son exutoire naturel. Un peu plus au nord, la Suze se jette dans le lac.
Sous des couches de remblais subactuels, la totalité de la séquence sédimentaire est alluviale (fig. 2). Du haut en bas et de manière résumée, on distingue des silts argileux, des tourbes, des silts argileux épais, des oncoïdes (couche archéologique néolithique), à nouveau des silts argileux et enfin des dépôts puissants de graviers calcaires (graviers de la Suze). Les premières analyses dendrochronologiques ont déjà permis de déterminer les dates d'abattage de plusieurs pieux en 3841-3839 av. J.-C.; les quelques céramiques recueillies lors des sondages correspondent à une poterie du Cortaillod classique.
Le mobilier archéologique se répartit en général au sommet d'un niveau d'oncoïdes à matrice sableuse; les matières végétales ou organiques sont très rares et demeurent parfois piégées dans les cônes de certains pieux, ces derniers étant par contre bien préservés. Il s'agit d'un horizon de réduction, avec une érosion alluviale intervenue après l'abandon du site. De ce fait, la fouille du niveau archéologique a été adaptée, alternant décapages manuels ou à la pelleteuse.
A ce jour, près de 1700 pieux ont été documentés. Une partie d'entre eux, de petit diamètre et obtenus à partir d'essences de bois variées, ont été enfoncés de manière oblique pour former une double palissade, dessinant un demi-cercle autour du village. Les maisons rectangulaires sont pour l'essentiel constituées de pieux non refendus de plus grand diamètre, majoritairement en sapin blanc (Abies alba).
Parmi le mobilier, la céramique, les ossements de faune, l'industrie lithique (silex, autres roches), et osseuse représentent les catégories dominantes; des concentrations d'objets sont perceptibles, ainsi que des accumulations de roches.
Lors du suivi des travaux d'excavation, des structures inattendues sont apparues plus haut dans la stratigraphie, à env. 2.3 m sous le terrain actuel. A l'interface de tourbes recouvrant des silts argileux, se manifestent deux doubles rangées rectilignes et parallèles de pieux refendus en chêne, orientées sud-est/nord-ouest. La double rangée principale, avec un espacement entre les pieux de chaque rangée de 1.3 m, est interprétée comme un chemin boisé, perçu pour l'instant sur une distance de 74.5 m.
L'autre double rangée, plus courte et disposée à quelques mètres en parallèle côté lac, révèle un espacement moindre entre les pieux (0.4-0.7 m); il s'agit sans doute ici d'un brise-lames. Aucune couche archéologique n'est associée à ces dispositifs, qui datent d'environ 2706/05 selon la dendrochronologie.
La fouille doit se poursuivre jusqu'en février/mars 2019. L'objectif est de documenter le village du Cortaillod classique dans son ensemble. Il faut toutefois noter que cet établissement se prolonge vers l'est (côté terre), au-delà du périmètre des travaux. Dans cette direction, le site a été détruit dans les années 1930, lors de la construction des grands bâtiments de l'usine General Motors.

Mobilier archéologique: céramique, industrie lithique (silex, autres roches).
Faune: ossements de la faune, industrie osseuse.
Prélèvements: bois pour analyses dendrochronologiques, échantillons pour analyses sédimentologiques et palynologiques, sédiments pour analyses de macrorestes et malacologiques.
Datation: dendrochronologiques. 3841-3839 av. J.-C. (village) 2706/05 av. J.-C. (chemin et brise-lames).
S.A.B, B. Othenin-Girard.