CN 1164, 552 835/197 650; 552 645/197 500; 552 970/197 410. Altitude moyenne de 459-458.54 m d'une extrémité à l'autre du site dans l'axe nord-est/sud-ouest et de 459-460 m dans l'axe nord-ouest/sud-est.
Dates de la fouille: avril-octobre 1998.
Site nouveau. Fouille de sauvetage programmée (construction de l'autoroute A5). Surface totale de la fouille 4600 m² environ. Habitat.
Rappel: des sondages préalables, réalisés en 1995 au sud-est du site, ont révélé l'existence de deux bâtiments rectangulaires, parallèles, de 8 et 18 m², de deux fossés, ainsi que de deux structures de combustion dont une identifiée comme une fosse-foyer datant du Bronze final. Plusieurs sépultures à incinération d'époque romaine ont également été découvertes à moins de 200 m.
Résultats 1998: fosses indéterminées, trous de poteaux et fosses-foyers de l'âge du Bronze final (appelées plus communément «fours polynésiens»). Fossés de l'âge du Fer. Une couche colluvionnée recelant un abondant matériel archéologique, principalement des tessons de céramique, daté du Bronze final jusqu'à la période romaine. Des paléo-chenaux d'époque indéterminée et des ruisseaux fossiles.
Le site de La Prairie se situe dans le prolongement direct, en direction de Neuchâtel, des sites du Bataillard et du Grand-Pré fouillés précédemment (cf. ASSPA 80, 1997, 216; 81, 1998 266). Une intervention supplémentaire a été entreprise le long de la route menant du centre de Bevaix à son port, à l'emplacement d'une future bande arborée longue de 210 × 8 m, perpendiculaire au tracé autoroutier.
Deux foyers bien conservés ont été dégagés à proximité des deux bâtiments (cf. supra). Ils sont distants de 25 m l'un de l'autre. Il s'agit de deux foyers en fosse sub-rectangulaires, de dimensions identiques, à quelques centimètres près (2 × 0.90 × 0.25 m), à profil en cuvette avec un fond plat et des parois verticales, légèrement arrondies à la base. Ils sont creusés dans la moraine de fond remaniée, remplis de nombreux charbons de bois de même que de brandons (bûches incomplètement brûlées) mélangés à un limon charbonneux à peine cendreux. Ce remplissage assez épais est surmonté de blocs de pierre (quartzite, calcaire, roche verte) hétérométriques, rubéfiés, parfois éclatés par le feu, et de fragments informes d'argile cuite. Les pierres ne suivent pas d'ordre apparent mais sont éparpillées sur toute la surface dans un sédiment fin noirâtre (limon et suie?). Certains fragments, en connexion parfaite, montrent que les pierres ont éclaté sur place. Le dernier comblement (phase d'abandon) est constitué d'un sédiment argilo-limoneux, brun-gris, contenant de nombreux tessons de céramique. Les parois verticales d'un de ces foyers sont enduites d'une couche d'argile parfaitement cuite, épaisse d'un centimètre environ. L'autre foyer ne comporte que quelques traces de rubéfaction et contient une dalle de gneiss (0.90 × 0.50 × 0.13 m) posée à plat sur le fond qu'elle couvre de plus d'un tiers; taillée sur tout son pourtour, cette dernière fait sans doute l'objet d'un réemploi (communication pers. J.-M. Leuvrey). Elle présente des traces de chauffe partielle sur sa face inférieure et son rôle dans la fosse, en l'état actuel de nos recherches, est difficile à déterminer (sole? pierre de chauffe?). C'est aussi dans ces foyers que des charbons issus de chênes refendus ont été observés. Leurs dimensions sont particulièrement importantes pour espérer une datation dendrochronologique. Le matériel archéologique recueilli dans ces deux fosses-foyers consiste essentiellement en fragments de céramique fine (plusieurs bords d'écuelle) et grossière (récipients de cuisson et de stockage) attribuable au Bronze final. Certains tessons sont décorés d'impressions digitées. Un éclat de cristal de roche retouché a été retrouvé dans l'un des foyers, mais aucun reste de faune n'a été noté.
Quelques fosses de fonction indéterminée et plusieurs trous de poteaux sont dispersés à proximité de ces fours, toujours scellés par la même couche colluvionnée. L'une des fosses, de plan circulaire, contient un pot à cuire presque entier mais très fragmenté dont les bords épousent parfaitement les contours; cette structure semble avoir été creusée précisément pour recevoir cette poterie (vase silo?). Quant aux trous de poteaux de 30 cm de diamètre environ, leur répartition ne définit pas de plan précis, mais ils pourraient être associés aux deux bâtiments découverts en 1995, d'époque protohistorique (données des sondages 1995), situés à moins d'une vingtaine de mètres de là.
Deux fossés parallèles et rectilignes à profil en « V », dont la fonction n'a pas encore été établie clairement, éloignés de 110 m l'un de l'autre, semblent délimiter un espace à l'intérieur duquel a été mis au jour quasiment l'ensemble des structures d'habitat (cf. supra).
Par ailleurs, un troisième fossé rectiligne se situe dans le prolongement d'un fossé de drainage découvert sur le site du Grand-Pré (fouille 1997). Il se dirige vers le lac, ne présente aucun lien apparent avec les deux fossés précédents et a pu servir de limite parcellaire.
Une couche colluvionnée observée lors du décapage mécanique ne couvre pas la totalité du site; elle se situe plus particulièrement dans les zones basses de la paléo-topographie et scelle la majorité des structures. Le mobilier archéologique recueilli dans cette strate se compose essentiellement de pierres chauffées, taillées, de quelques fragments de silex taillé en très petit nombre (éclats de lame), de faune domestique (mouton, chèvre, porc et ruminants), d'un fragment de meule ainsi que de nombreux fragments de céramique érodés mais non roulés dont l'origine remonte du Bronze final à la période romaine. La répartition anarchique de tous ces artefacts et l'absence de structures ne permettent pas de restituer un plan d'organisation d'une aire d'activité ou d'habitat au sol mais attestent une occupation continue du terroir.
Deux paléo-chenaux d'époque indéterminée ainsi que des ruisseaux fossiles ont été mis au jour. Les paléo-chenaux ont livré de nombreux mollusques qui témoignent d'un milieu humide en permanence; l'un d'eux a livré des restes de faune (vache, cheval, porc) et un os humain.
Des servitudes cadastrées en 1873 complètent l'inventaire ainsi qu'un important système de drainage, établi depuis la fin du 19° s. dans le but de rendre les prairies hydromorphes cultivables.
Mobilier archéologique: Céramique: pesons, torche, écuelle, pot à cuire. Lithique: pierres brûlées, taillées, silex (éclats, lames, pièce à dos), éclat de cristal de roche retouché. Faune: bovidés, caprinés, suidés, équidés.
Prélèvements: sédiments (macrorestes, palynologie, carpologie, micromorphologie), bois (dendrochronologie, anthracologie).
Datation: archéologique; archéomagnétique; C14.
Service et Musée cantonal d'archéologie de Neuchâtel, A. Leducq.
Bevaix NE, La Prairie
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Détail de la chronique
Commune
La Grande Béroche (Ancienne commune: Bevaix)
Canton
NE
Lieu-dit
La Prairie
Coordonnées
E 2552835, N 1197650
Altitude
459 m
Numéro de site cantonal
--
Numéro d'intervention cantonal
--
Nouveau site
Oui
Prélèvements
bois/charbon de bois, restes botaniques, échantillons de sédiments géoarchéologiques
Analyses
14C, dendrochronologie, micromorphologie, pollen
Institution
--
Date de la découverte
--
Surface (m2)
4600 m2
Date de début
01 avril 1998
Date de fin
31 octobre 1998
Méthode de datation
14C, dendrochronologique, archéologique
Auteur.e
--
Année de publication
1999
Époques
Âge du Bronze, Âge du Fer
Type de site
habitat, infrastructure (transport)
Type d'intervention
fouille (fouille de sauvetage/préventive)
Mobilier archéologique
céramique, matériel organique (outil), pierre (outil)
Os
ossement d'animaux isolés
Matériel botanique
bois/charbon de bois, pollen
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