CN 1125, 2571330/1164460. Altitude 736 m.
Date des fouilles : juin à octobre 2015.
Références bibliographiques: N. Peissard, Notes sur l'Archéologie Préhistorique de la Gruyère. Annales Fribourgeoises II.6, 1914, 247; AF, ChA 1984 (1987), 29; ASSPA 83, 2000, 219; CAF 2, 2000, 65; AAS 86, 2006, 226; CAF 8, 2006, 250; CAF 13, 2011, 229-230; AAS 94, 2011, 240; M. Mauvilly, Une exceptionnelle tombe à arme hallstattienne à l'entrée de Bulle. CAF 8, 2006, 240-241; C. Buchiller/R. Blumer/M. Mauvilly, Les vestiges funéraires protohistoriques au fil de la Sarine: des témoignages de contacts culturels d'une zone privilégiée? as. 30, 2007, 2, 21-29; CAF 11, 2009, 215-216; M. Mauvilly/M. Ruffieux/L. Dhennequin et al., Deux nouvelles tombes à armes hallstattiennes dans le canton de Fribourg. CAF 13, 2011, 76-111.
Fouille (projet d'expansion urbaine). Surface de la fouille 2500 m². Nécropole.

L'agglomération bulloise connaît ces dernières années une très forte expansion urbanistique. Afin de bénéficier de conditions de fouilles optimales en anticipant de futurs travaux sur l'une des dernières parcelles encore partiellement libres de constructions de cette zone, option fut prise d'explorer durant l'été 2015 le dernier tumulus connu et encore intact de la nécropole du Terraillet. Pour rappel, entre 1999 et 2010, quatre autres élévations de terrain avaient déjà fait l'objet de fouilles exhaustives dans ce secteur, permettant d'attribuer cette nécropole tumulaire au Hallstatt. Les fouilles réalisées en 2015 sur le tumulus n° 5 ont confirmé dans leurs grandes lignes les données acquises lors du diagnostic archéologique effectué en 2010, à savoir l'édification d'une structure tumulaire imposante et massive d'environ 29 m de diamètre, constituée d'un cairn central, d'une couronne circulaire de galets et d'un fossé ceinturant le tout (fig. 10). Le fossé, dont la largeur et la profondeur avoisinaient 0.60 m en moyenne, ceignait en fait au plus près la bordure externe de la couronne. Cette dernière était soulignée par une « ceinture » de galets soigneusement érigée à l'aide de gros blocs pouvant atteindre 150 kg. La couronne proprement dite, de 4 m de largeur, était formée d'une seule assise. Elle a nécessité la collecte d'environ 40 t de galets. À près de 6 m de la bordure interne de cette couronne de galets, un cairn constitué d'environ 20 t de pierres a été érigé. De forme légèrement ovalaire (7 × 6 m), il atteignait encore 0.90 m de hauteur. Au vu des observations de terrain, il ne semble avoir fait l'objet d'aucun pillage conséquent, mais seulement d'un étêtage partiel. Au niveau de sa dernière assise de galets, les vestiges d'une tombe à inhumation s'inscrivant dans un espace rectangulaire de 3 × 1.50 m ont été identifiés. L'hypothèse de l'existence d'une structure funéraire en bois, de type caisson, surdimensionnée par rapport à l'individu inhumé dont seulement deux fragments d'os longs ont été retrouvés, est archéologiquement admissible. Le mobilier d'accompagnement était principalement constitué d'une épée en fer à rivets en bronze et d'un dépôt céramique. D'autres éléments en bronze, en fer, en or et en ambre ont également été découverts dans le cairn. En nous basant principalement sur la typologie des épées en fer, cette sépulture peut être attribuée au HaC 2.

A l'instar de ce qui avait déjà été observé lors de la fouille des autres tumulus de ce secteur, un paléosol a été reconnu sous le tertre. Des tessons d'allure protohistorique pouvant appartenir à l'âge du Bronze final ainsi que quelques artefacts en roches siliceuses y ont été recensés.

Probablement durant la période gallo-romaine, comme l'attestent quelques éléments mobiliers caractéristiques (tessons de céramique, clefs, etc.), la partie septentrionale du tumulus a connu un démantèlement partiel. Ce dernier est lié à l'activation d'un petit chenal qui recoupe tangentiellement le bord de la couronne et à la récupération de galets, notamment pour l'aménagement d'un radier. La fonction de ces structures, comme la vocation du site à cette époque, demeurent pour l'instant énigmatiques.

Mobilier archéologique : tessons de céramique, objets en bronze, objets en fer dont une épée, objet en or, perle en ambre.
Matériel anthropologique : rares restes.
Faune : aucun.
Prélèvements : sédiment, charbons.
Datation : archéologique. Bronze final; HaC 2; Epoque Romaine. SAEF, L. Kramer et M. Mauvilly.