CN 1085, 568 440/250 370. Altitude 480 m.
Date des fouilles: octobre 2006.
Références bibliographiques: as. 28, 2005, 2, 57-59.
Fouille de sauvetage (autoroute A16). Surface totale de la fouille, moins de 40 m².
Four à chaux.

Ce four à chaux a été découvert fortuitement lors du creusement d'un bassin de sécurité lié à l'autoroute A16. Il avait échappé à une série de sondages archéologiques creusés en 2003 et qui s'étaient révélés négatifs dans cette zone. Le feu vert avait donc été donné aux entreprises de génie civil pour commencer les travaux.
Devant l'urgence de la situation, il n'était pas possible de mener une intervention manuelle classique sans créer des incidences fâcheuses. Il fut donc décidé de couper et vidanger la structure à l'aide d'une pelle rétro. La fouille n'a ainsi durée qu'une bonne semaine.
Le four à chaux (fig. 44) apparaît à une quarantaine de centimètres de profondeur sous le sol actuel. Il présente un mur de soutènement parfaitement circulaire d'un diamètre extérieur de près de 5 m. Ce mur est constitué de pierres sèches calcaires. Le diamètre intérieur de la structure est d'environ 3.70 m. Ce mur est quasiment vertical et sa hauteur atteint 2.10 m dans sa partie la moins endommagée par les travaux de génie civil. Il est épais de 0.60 m dans sa partie supérieure et de 0.40-0.50 m dans son tiers inférieur. Les pierres sont chauffées et de couleur grise sur toute l'épaisseur du mur. Elles présentent localement un fort encroûtement de chaux sur leur face intérieure.
Aucune pierre du mur n'est elle-même transformée en chaux. Les chaufourniers utilisaient des calcaires siliceux pour la confection des murs de soutènement dans le but évident d'utiliser plusieurs fois ces structures avant de les abandonner.
Les sédiments de l'encaissant du four sont constitués de silts moyennement argileux d'origine loessiques. Ces sédiments présentent ici une forte profondeur car ils se sont piégés dans une importante anfractuosité karstique reconnue sur plus de 5 m de longueur lors des sondages prospectifs 2003. Les constructeurs en ont profité pour y implanter facilement leur four.
Ces sédiments sont altérés par la chaleur sur une vingtaine de centimètres d'épaisseur au sommet de la structure. Cette rubéfaction de l'encaissant diminue régulièrement en profondeur pour être totalement absente à la base du mur. La chaleur a également fortement rubéfié les sédiments à la base du foyer.
Aucun reste de la voûte n'a été observé. La fouille n'a pas permis de mettre en évidence une fosse de travail. Différents indices font penser que la gueule, ou porte d'alimentation du four, était située au-dessus de la paroi orientale du mur de soutènement. De nombreux blocs calcaires sont concentrés dans les matériaux de comblement du four dans cette partie est. Ils peuvent provenir du délabrement de cette porte.
La fouille a permis d'observer au moins deux phases d'utilisation du four matérialisées par deux niveaux de cendres charbonneuses indurées à la base du foyer. Ces niveaux sont surmontés d'une assez abondante quantité de chaux durcie mesurant près de 0.40 m d'épaisseur par endroit. Le four semble avoir été remblayé assez rapidement après son abandon.
Sur la base de plusieurs autres fours à chaux déjà fouillés sur le tracé de la Transjurane, on peut proposer qu'il s'agit d'un type de four semi-enterré pouvant dater du 17ᵉ-19ᵉ s. Le foyer de ces fours à chaux était alimenté depuis la surface du sol ou depuis une fosse de travail très peu profonde.

Prélèvements: charbons de bois, chaux, sédiments des différents remplissages, éléments de construction.
Datation: archéologique. Temps modernes.
OCC/SAP, P.-A. Borgeaud.