CN 1205, 2574926/1176423. Altitude 669 m.
Date des fouilles: septembre 2015.
Références bibliographiques: A. Lauper, Histoire du Château féodal des seigneurs d'Illens et du Pavillon de chasse de Guillaume de la Baume. Recensement des biens culturels immeubles du Canton de Fribourg. Fribourg 1994; F. Guex, Illens. Dictionnaire historique de la Suisse, 2013, www.hls-dhs-dss.ch/textes/E/D3225.php.
Fouille et sondages programmés (restauration et conservation).
Surface de la fouille 80 m².
Château.

Sur un promontoire rocheux qui surplombe la Sarine, en face du Château d'Arconciel, se dressent le site et le Château d'Illens. Ce lieu mythique et encore partiellement enveloppé de mystère a fait l'objet d'une première campagne de sondages préalables à la restauration et à la conservation du site menées par l'Association «Château d'Illens», en collaboration avec la Commune de Rossens. Les investigations archéologiques avaient pour seul objectif de répondre à des questions définies: comprendre et étudier les fondations de l'enceinte occidentale, préciser la nature du terrain sur lequel repose le Pavillon de chasse du 15e siècle et dégager l'entrée de la cave pour permettre l'évacuation des matériaux qui s'y sont accumulés au fil des ans. Un sondage mené à l'intérieur de l'esplanade, au pied du tronçon du mur de fortification encore visible, a permis de clarifier le mode de construction de l'enceinte médiévale. Il semble que, pour implanter le mur, élevé en assises régulières de carreaux de molasse, la roche naturelle ainsi qu'une couche de moraine fine ont été partiellement entamées. On disposait ainsi d'une surface rocheuse aplanie sur laquelle fonder le mur. Pour le retenir, une technique de construction - déjà décrite par Vitruve (De Architectura VI, 8, 6-7) - a été mise en œuvre: des contreforts posés de biais par rapport au tracé de l'enceinte ont été construits, vers la fin du 13e siècle probablement, à l'intérieur de la forteresse. En outre, ce même sondage a permis de repérer deux phases distinctes d'occupation. La première, médiévale, se compose d'un niveau de circulation de galets situé à la même hauteur que la base des meurtrières visibles dans l'enceinte. La deuxième phase, plus tardive (toujours médiévale), comprend un bâtiment vraisemblablement lié à des activités artisanales. Des battitures de fer ont en effet été retrouvées dans une couche cendreuse: il pourrait s'agir d'une forge. Un deuxième sondage a été ouvert à l'ouest du Pavillon de chasse, érigé par Guillaume de la Baume après 1455, année durant laquelle le chambellan de Charles le Téméraire et du roi Charles VII prend possession du domaine d'Illens. Cet édifice, conçu sans but défensif, est de plan rectangulaire, doté de trois étages sur rez-de-chaussée et cave, avec une tour d'escalier octogonale hors œuvre à l'angle nord-ouest. Les investigations ont permis de mettre au jour une construction annexe au Pavillon, adossée à l'angle sud-ouest. Un mur, orienté est-ouest (largeur 60 cm) et percé d'une porte faisant face à l'entrée principale du Pavillon, délimite un pavage de galets. Il est conservé sur trois assises et fondé sur le sédiment fluvio-glaciaire. A environ 4 m du Château, ce mur se poursuit vers le sud en hémicycle. Ces structures constituent les vestiges d'une allée couverte, flanquée d'une sorte de tourelle et surmontée d'une galerie en bois ou en pans de bois: les empochements des poutres sont encore visibles dans la façade ouest du Pavillon. Nous avons pu clarifier aussi l'accès à la cave du Pavillon: il se faisait grâce à un escalier partiellement taillé dans la molasse longé par deux murets qui supportaient une voûte. Au-dessus de celle-ci, se trouvait le passage reliant la porte principale du Château à l'allée couverte. Enfin, un sondage au pied de la façade sud du Pavillon a révélé que la dépression visible en surface était probablement liée à l'effondrement des parois d'un puits ou d'une citerne excavée dans le substrat molassique.

Datation: archéologique; historique.
SAEF, R. Tettamanti et G. Bourgarel.